samedi 29 janvier 2011

Bissonnet mis à nouveau en difficulté

Un appel passé d'un restaurant deux jours avant l'assassinat de sa femme semble conforter la thèse du complot.


Alors que la cour d'assises de l'Hérault a achevé, vendredi soir, l'examen des faits liés à l'assassinat de Bernadette Bissonnet, le mari de celle-ci se trouve dans la situation du lièvre pris au collet. Souvent pathétique, manquant de plus en plus de précision à mesure que la pression des assises s'exerce sur lui, il reproche à ses contradicteurs de le persécuter avec de vains détails, supplie qu'on lui pose «des questions non vicieuses» , brandit des pièces du dossier dans lesquelles se trouvent, il en est certain, les preuves de son innocence. Il y a du personnage de Dostoïevski dans cet homme, dont on ne sait plus si c'est lui qui se défend ou son double qui se débat.




Parfait alibi de notable


C'est dans la partie la plus austère des milliers de cotes que le président a déniché un élément dévastateur, passé inaperçu jusqu'à ce jour. Le crime a été commis le mardi 11 mars 2008. Amaury d'Harcourt qui, comme Meziane Belkacem, reconnaît sa participation, affirme qu'il devait initialement venir à Castelnau-le-Lez le 12, mais que son ami lui avait demandé, le dimanche précédent, d'avancer son arrivée d'un jour, de sorte que le crime soit perpétré pendant qu'il dînait au Rotary - parfait alibi de notable.


Naviguant dans les facturations détaillées («fadets»), M. Bissonnet soutenait avec aplomb qu'aucune des communications téléphoniques répertoriées ne permettait de conforter la thèse des deux hommes qui le désignent comme le commanditaire. Et nul ne pouvait honnêtement lui donner tort.


Mais le président Joël Mocaer demande maintenant qu'on projette sur grand écran les fadets du dimanche 9 mars. Une ligne du tableau l'intrigue : elle atteste d'une communication d'une durée de cinq minutes reçue par M. d'Harcourt le 9 mars à 14 h 01, passée d'une ligne fixe de la région montpelliéraine, n° 04 66… À M. Bissonnet qui, quelques minutes auparavant, s'était souvenu d'avoir déjeuné ce jour-là au restaurant avec son épouse : «Cela vous dit quelque chose ?»


L'accusé, fadets stabilosées à la main, vacille : «Non. J'avais demandé à un de mes avocats de se renseigner sur cette ligne… (Semblant fouiller sa mémoire.) Ou alors… ce serait moi qui aurais appelé Amaury… »


Le président : « D'un poste fixe ?


- Ça devait être du restaurant… »


Jean-Michel Bissonnet, qui confirme avoir passé ce coup de fil, est piégé. Pendant que Bernadette était attablée avec deux autres couples d'amis, il a donc échangé avec le vicomte depuis un poste a priori non identifiable, du moins au premier coup d'œil. Pour lui dire quoi ? Pourquoi ne pas avoir utilisé son mobile, qu'il avait sur lui ? À cette question, qui lui pose Me Abratkiewicz, partie civile, il répond, excédé : « Allez dans ce restaurant et voyez si le portable passe. Si ça passe, je suis un menteur ! » Mais s'il dit vrai, quelle urgence y avait-il à contacter l'aristocrate un dimanche, alors qu'on était à table entre gens de bonne compagnie ?


Lundi, les assises se plongeront dans la personnalité des trois accusés. Ou des quatre, si l'on accepte l'idée qu'il y a plusieurs Jean-Michel Bissonnet
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/01/28/01016-20110128ARTFIG00635-bissonnet-mis-a-nouveauen-difficulte.php

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