mardi 25 janvier 2011

BissonnetTroisième semaine : la deuxième journée en direct

Le témoignage livré hier matin, pendant trois heures par Jean-Pierre Juan pourrait être déterminant pour la suite du procès. Âgé de 67 ans, le frère aîné de Bernadette Bissonnet a longuement raconté aux jurés de la cour d’assises de l’Hérault pourquoi et comment s’est forgée sa conviction de la culpabilité de Jean-Michel Bissonnet. Aujourd'hui, place aux autres témoins présents le jour ou le lendemain du crime. Notamment Yvon Solignac, personnage clé, puisqu'il a hébergé le vicomte d'Harcourt en mars 2008. La cour devrait aussi procéder à l'audition d'écoutes téléphoniques demandées par les différentes parties.




9 h 12 - Reprise des débats.
Appelé à la barre : Mehdi, présent le soir


du drame chez Dominique et Jean-Pierre Juan, où se trouvait également Jean-Michel Bissonnet. Il décrit des attitudes étranges de l'homme d'affaires. A noter : l'absence de Marc Bissonnet, fils cadet de Jean-Michel Bissonnet. Lundi soir, une petite altercation avait éclaté entre Marc Bissonnet et Me Abratkiewicz, avocat du frère de Bernadette, convaincu de la responsabilité de Jean-Michel Bissonnet.


9 h 31 - "Bissonnet chuchotait au téléphone".
"J'étais présent au domicile de Jean-Pierre et Dominique au moment des faits. Jean-Michel Bissonnet était agité, je l'ai entendu appeler la nuit sur un téléphone, chuchoter et il est sorti deux fois cette même nuit. Cette nuit là, j'ai pas pu dormir, j'ai aussi entendu quelqu'un qui fouillait dans une poubelle".
Les différentes parties ne lui posent quasiment pas de question.


9 h 36 - Un témoin clé prend la parole.
Yvon Solignac, 71 ans, l'ami du vicomte d'Harcourt, qu'il a hébergé la veille et le soir du crime, va prendre la parole. C'est un témoin clé.


9 h 46 - "Je me suis senti trahi par d'Harcourt"
"Que savez-vous de l'affaire ?" demande le président Mocaer.
"C'est stupéfiant (silence). J'avais une amitié profonde pour monsieur d'Harcourt et quand ça s'est produit, j'habitais à Saint-Clément-de-Rivière, près de Montpellier. Il m'avait demandé de le recevoir pour lui rendre service, je l'ai reçu la veille au soir...Excusez-moi, je suis assez ému...
Pour moi l'amitié est une qualité essentielle et je me suis senti trahi devant cette situation... Je faisais mes cartons pour aller dans l'Yonne, chez d'Harcourt, et quand il a prétexté le soir qu'il devait aller rechercher une veste polaire oubliée chez monsieur Bissonnet, je lui ai dit : "j'irai la chercher, je te l'enverrai". Il m'a dit non, qu'il en avait besoin, il est parti. Il a été un peu long pour revenir, il s'est trompé de chemin pour faire l'aller retour. Puis, quand j'ai appris la mort j'étais stupéfait.
Et quand quelques temps plus tard il a reconnu devant les gendarmes qu'il avait jeté l'arme dans le Lez, j'étais stupéfait, très en colère contre lui. Je lui ai rentré dedans, il a reçu une engueulade comme il n'a jamais reçu dans sa vie. Il m'a dit que l'assassinat devait être la suite d'un faux vol, je lui ai dit : tu avais deux choses à faire, laisser l'arme sur place ou la ramener à la maison et on serait allé à la gendarmerie dés le lendemain".


10 h 03 - "Amaury a dérapé complètement"
Le témoin est très ému à la barre. Yvon Solignac, cheveux blancs, veste marron, poursuit son récit et explique comment il a appris que son vieil ami n'avait pas fait que jeter l'arme dans le Lez dans cette affaire. Mais aussi expliqué à Belkacem comment utiliser l'arme et tirer.
"J'avoue que j'ai été stupéfait une seconde fois lorsque j'ai lu les journaux, stupéfait des révélations que d'Harcourt a fait.Je me suis dit "c'est pas possible que cet homme ai pu être présent avant le meurtre... C'est pas lui ça, d'organiser une chose comme ça... Je lui ai dit : "tu as perdu deux amis, Bissonnet et moi-même". J'avoue que je suis catastrophé par les révélations qu'il a pu apporter dans cette salle... C'est difficile pour moi de supporter qu'on puisse en arriver à cette situation, c'est odieux... Je ne comprends pas, Amaury il a dérapé complètement".


10 h 25 - "Il s'est laissé entraîné au nom de l'amitié"
Yvon Solignac accable son vieil ami. Mais pour autant, il ne le pense pas capable d'avoir organisé l'assassinat.
"Il s'est laissé entraîné, manoeuvré au nom de l'amitié. Ce qui est fou, c'est que je connais la propriété de monsieur Bissonnet, il avait tout pour lui... Il a pété les plombs, c'est pas possible... C'est pas possible... Il accuse monsieur d'Harcourt d'avoir fomenté ce coup horrible, mais je ne pense pas qu'en une après-midi le jour du crime, en deux-trois heures, il aurait pu organiser ce genre de chose, je ne vois pas comment. Mais ça ne reste que ma réflexion". Dans son fauteuil, le vicomte reste impassible, sans lever les yeux vers son ex-ami.


10 h 55 - D'Harcourt peut-il tuer pour de l'argent ?"
L'avocat général Pierre denier interroge le témoin. Et balaie avec lui les différentes hypothèses qui pourraient faire du vicomte le commanditaire de l'assassinat.
"D'Harcourt peut-il tuer pour de l'argent ?"
"C'est impensable !" répond Yvon Solignac.
"D'Harcourt n'aime pas madame Bissonnet qui s'est opposé à ce que Jean-Michel lui prête de l'argent, il aurait donc pu la faire éliminer ?"
"Non, c'est pas un homme capable d'imaginer ce genre de choses".
"L'association IVI (initiation à la vie, dont faisaient parti Solignac et d'Harcourt NDLR) a besoin de fonds, le mobile du crime aurait il pu être de récupérer de l'argent pour alimenter l'association-secte IVI?" poursuit le représentant de l'accusation.
"Certainement pas ! C'est impensable ! Et je voudrais éviter d'entendre ce mot de secte ! Je suis en colère d'entendre ça".
Me Leclerc, l'avocat de Jean-Michel Bissonnet, lui rappelle pourtant la difficulté de ce dossier et d'échafauder des hypothèses.
"Agatha Christie n'aurait pas fait mieux".


11 h 25 - Le mensonge du témoin.
Yvon Solignac reconnaît un mensonge, où plutôt une omission lorsqu'il avait été interrogé. Il n'avait pas indiqué la présence d'une amie lors du repas partagé avec d'Harcourt, avant les faits. "Pour protéger cette personne, pour ne pas lui faire justifier sa présence chez moi" indique le témoin.
"Vous n'avez pas menti une seconde fois ?" questionne Me Vérine, avocat de Bissonnet. Qui détaille : "vous avez dit que le 12 mars, lendemain des faits, d'Harcourt était chez vous pour déjeuner c'est faux".
Me Phung, défenseur du frère de Bernadette, intervient alors et indique que Solignac n'a jamais parlé de déjeuner. Le ton monte entre les avocats.
Le président Mocaer intervient pour calmer les esprits et pose cette question de bon sens : "qu'elle est l'importance qu'il ai déjeuné?".
Ce qui n'est pas du goût de Me Leclerc,autre avocat de Bissonnet : "chacun d'entre nous tient son fil, nous posons les questions que nous jugeons nécessaires".


14 h 25 - Reprise des débats.
La cour questionne Jean-Michel Bissonnet et Amaury d'Harcourt sur la question du changement de date dans la venue du vicomte chez Solignac, avant le crime. Chacun campe sur sa position : d'Harcourt dit qu'il lui a demandé de venir un jour avant, le 11 mars. Bissonnet conteste.


11 h 35 - Bissonnet : "D'Harcourt c'est un Africain, il a une boussole dans la tête !"
Jean-Michel Bissonnet demande la parole. Pour préciser deux points. D'abord en affirmant que d'Harcourt n'a pas pu se tromper de route en se rendant chez Yvon Solignac. "C'est un Africain, il a une boussole dans la tête, il ne peut pas s'être trompé".
Il maintient aussi n'avoir pas demandé au vicomte de venir le voir le 11 mars.
"Le 9 mars il y a quatre appels entre vous" lui fait remarquer le président.
"Je ne suis tombé que sur les messageries" répond l'accusé.
L'interrogatoire d'Yvon Solignac se termine.


11 h 40 - audience suspendue 15 minutes.


12 h 05 reprise. "Je n'ai pas le moindre doute sur Jean-Michel"
Le président Mocaer décide de lire les dépositions de Pierre Juan, le père de Bernadette Bissonnet. Il était venu témoigner lors du premier procès, fin septembre, mais son état de santé ne lui a pas permis de venir cette fois-ci. Dans ses trois déclarations, Pierre Juan défend Jean-Michel Bissonnet :
"Il l'aimait et elle le lui rendait. Je n'ai jamais constaté de problème entre ma fille et mon gendre en douze ans. Je n'ai pas le moindre doute sur Jean-Michel, il est innocent. Belkacem savait qu'il y avait de l'argent à la maison, il a attaqué ma fille, il l'a tuée".


12 h 45 - Suspension jusqu'à 14 h 15. La cour a entendu une "écoute" de Belkacem sommé de payer une facture pour la cantine scolaire de ses fils. Pas de question des parties. Suspension.


14 h 27 - Reprise.
Les débats reprennent. Le président interroge Jean-Michel Bissonnet et Amaury d'Harcourt sur la question de la venue du vicomte dans l'Hérault, avant le crime. Arrivée qui aurait été avancée par d'Harcourt sur demande de Bissonnet. Le premier confirme, le second nie.


14 h 41 - "Amaury me dit "je suis très ennuyé parce que Jean-Michel veut tuer sa femme"
Un nouveau témoin est appelé à la barre : Jacques Courtine, 69 ans, un vieil ami du vicomte chez qui il avait l'habitude de se rendre. Il raconte comment d'Harcourt l'aurait mis au courant du funeste projet de Bissonnet...Un an avant les faits !
"On était chez lui, il était en train de préparer à manger. On était tous les deux dans la cuisine et Amaury me dit : "je suis très ennuyé parce que Jean-Michel veut tuer sa femme". Je lui dit "c'est une blague, c'est une mauvaise histoire !" Il me répond que Jean-Michel voudrait divorcer mais sans donner la moitié de sa fortune". Pour moi c'était des bêtises, c'était tellement fou ce projet ! J'ai dit qu'il n'avait qu'à prendre un avocat".


14 h 51 - "Amaury a un culte de l'amitié"
Jacques Courtine poursuit son récit. Pour lui, d'Harcourt n'est pas le commanditaire : "quand j'ai réalisé ce qui s'est passé, le choc a été important. Amaury a un culte de l'amitié qui, hélas, l'a poussé à commettre des actes qu'il n'aurait pas du commettre".
"Monsieur, votre témoignage est important : vous dites que d'Harcourt vous a affirmé que Jean-Michel Bissonnet voulait tuer sa femme, n'est-ce pas la volonté de porter secours à un vieil ami ?" l'interroge le président Mocaer.
"Je dis ce que j'ai entendu, je n'en démordrai pas monsieur le président" rétorque le témoin.


15 h 03 - Souvenirs confus.
Monica, 77 ans, la compagne de Jacques Courtine est à son tour interrogée. Elle se souvient avoir entendu, lors d'un séjour chez le vicomte, que Bissonnet voulait tuer sa femme. Mais elle ne peut pas préciser la période, ni même l'année et encore moins qui l'a dit ou a pu lui dire. Ce témoin aux souvenirs confus, n'est quasiment pas interrogé et rejoint la salle d'audience.


15 h 26 - L'ami de 30 ans de Belkacem.
Dernier témoin prévu cet après-midi : Omar, 60 ans, un ami de Méziane Belkacem. Il connaît le jardinier depuis 30 ans. Ses réponses sont quasiment inaudibles. Il n'apporte cependant pas d'élément essentiel et confirme qu'à l'époque des faits, Belkacem avait des problèmes d'argent.
"Belkacem parlait beaucoup, vous étiez comme son grand frère, est-ce qu'il vous a déjà parlé d'Amaury d'Harcourt ?" l'interroge Me Balling, l'avocat du vicomte.
Jamais de ma vie ! Jamais de ma vie ! Jamais entendu ni son nom, ni son existence"
Méziane n'est pas fou ?" poursuit l'avocat.
"Non"
"Alors quand il dit qu'il a tué Bernadette Bissonnet, il dit la vérité ?"
Je suis obligé d'y croire".


15 h 37 - Les écoutes du vicomte.
La cour poursuit le procès par l'examen audio des écoutes téléphoniques. Et plus précisément, pour commencer, celles d'Amaury-d'Harcourt en mars-avril 2008, lorsque le vicomte n'est pas encore inquiété par la justice... Mais surveillé par les gendarmes.


16 h 20 - D'Harcourt retombe dans ses travers.
La cour entend les conversations du vicomte. Avec sa fille, une amie et une autre écoute met en scène le médecin de famille et la fille de d'Harcourt. Les déclarations de l'accusé varient entre le moment où il n'est pas encore mis en examen et lorsqu'il fini en garde à vue.
"On a observé deux tonalités : d'abord que Jean-Michel n'a rien à voir, que c'est insensé, avant votre mis en examen. puis vous le mettez en cause, pourquoi avoir dit qu'il n'y était pour rien ?" interroge le président Mocaer.
"J'avais du mal à imaginer" répond d'Harcourt. Qui retombe dans ses travers en reparlant d'un cambriolage qui avait mal tourné.
"On ne va pas revenir là dessus ! Vous avez reconnu être dans le garage" le reprend le magistrat.
"Oui" dit le vicomte.
Me Phung se lève et lui tend une perche : "ne mettez-vous pas hors de cause Bissonnet en accablant Belkacem suite à une concertation avec Jean-Michel Bissonnet . Oui ou non ?"
"Non" répond d'Harcourt.


16 h 30 - D'Harcourt : "je suis usé"
Me Leclerc, avocat de Bissonnet, relève les variations des déclarations du vicomte. Ce dernier, visiblement fatigué, guidé par les questions, redit pourtant son implication. En ne répondant que par "oui" ou par "non". Et hausse le ton pour expliquer la confusion de ses réponses : "j'ai 85 ans, eu un grave accident un an après les faits, j'ai élevé cinq enfants, je me suis occupé d'une fille gravement grabataire, ça use. Je suis usé".


16 h 45 - "Vous notez les évolutions de déclaration de Belkacem et d'Harcourt"
L'avocat de Jean-Michel Bissonnet demande à interroger Méziane Belkacem. Il lui parle des gants qu'il portait le soir du crime.
"Vous avez toujours dit que vous n'avez jamais touché les munitions pourquoi il y a vos empreintes ?" lance Me Leclerc.
"Quand j'ai ouvert l'arme, la cartouche est tombée" répond l'accusé.
"Ah c'est la première fois en trois ans que vous le déclarez ! Vous notez les variations de déclaration de Belkacem et de d'Harcourt !" réagit Me Leclerc poursuivant son entreprise de décrédibilisation des co-accusés de Bissonnet.
Méziane Belkacem réagit vivement : "j'ai avoué un crime que j'ai commis et je vais mentir sur une cartouche ?".


17 h 02 - L'audience est suspendue 20 minutes.


17 h 38 - Reprise des débats.
Le président décide de poursuivre la diffusion audio des écoutes et débute par une conversation entre la fille du vicomte et une amie. Les paroles sont difficilement audibles.


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