mercredi 26 janvier 2011

Un témoin malmené au procès Bissonnet

La cour d'assises de l'Hérault a entendu mardi le témoignage d'Yvon Solignac, qui hébergeait le vicomte d'Harcourt lors de ses visites à Jean-Michel Bissonnet.


Dans la triste histoire de l'assassinat de Bernadette Bissonnet, l'amitié est mise à toutes les sauces. C'est au nom de ce noble sentiment qu'Amaury d'Harcourt aurait accepté, à la demande de Jean-Marie Bissonnet, de prêter la main au crime. Faux, rétorque son ami de quarante ans, qui prétend que le vicomte a tout manigancé dans son dos.


Yvon Solignac se campe à la barre des assises de l'Hérault. Ce retraité de belle stature aux cheveux de neige, porte un veston beige foncé sur un pantalon clair. C'est lui qui, près de Montpellier, hébergeait M. d'Harcourt quand il venait visiter M. Bissonnet, car l'épouse de ce dernier ne l'appréciait pas. «Je me suis senti trahi», déclare-t-il aux jurés. Le témoin n'arrive toujours pas à admettre que son vieux camarade a trempé dans un crime de sang, à tel point qu'il en perd son français pour inventer une expression qui renferme tout son désarroi: «Il a dérapé, il s'est dérapé lui-même».


Le 11 mars 2008, Amaury d'Harcourt dîne à son domicile de Saint-Clément de Rivière. Soudain, vers 20h45, alors que le dessert n'a pas encore été servi, il prétexte l'oubli d'une veste polaire pour retourner chez les Bissonnet, à Castelnau-le-Lez, de l'autre côté de Montpellier. Il revient une heure plus tard. Entre temps, Bernardette Bissonnet a été assassinée par Méziane Belkacem, son mari a trouvé le corps en rentrant de son dîner au Rotary, le vicomte a jeté le fusil dans le Lez. Tout cela, Yvon Solignac ne l'apprendra qu'en mai, quand les enquêteurs confondent M. d'Harcourt. Il subira au passage sept heures de garde à vue, dont il garde un souvenir cuisant. N'a-t-il pas été soupçonné d'être plus qu'un ami, un complice du vicomte dévoyé?


M. Solignac ignore tout du complot. Il n'est là que pour confirmer les horaires d'arrivée et de départ d'Amaury d'Harcourt. Le président Mocaer, en vingt minutes, lui a posé les questions importantes et mis en lumière un oubli volontaire, et fâcheux, dans ses déclarations: il avait tenté de ne pas révéler la présence d'une amie au dîner du 11 mars. Pourquoi faut-il alors que d'autres mettent cet honnête homme à la torture? Me Raphaële Chalié, conseil des enfants Bissonnet, ouvre le bal. Comme les dépositions d'Yvon Solignac ont varié au cours de ses auditions, ce qui prouve qu'il n'a pas appris par coeur un couplet pour dédouaner M. d'Harcourt, il est taxé de «mensonges». Puis, Me Vérine, l'un des avocats de Jean-Michel Bissonnet, qui joue la même partition que sa consoeur dans cet étrange concerto pour défense et partie civile, y va de sa cruelle canonnade - vingt minutes encore de supplice. Il faut attendre que Mes Nathalie Senyk et Henri Leclerc lesquels, comprenant que l'audience tombe dans le caniveau, prennent la parole, toujours aux intérêts de M. Bissonnet, pour que le questionnement retrouve une apparence de dignité. Quelle image de la justice et de ses auxiliaires M. Solignac, «trahi» par un ami, giflé par les assises, gardera-t-il?


Le plus cocasse, c'est l'intervention de Jean-Michel Bissonnet. Comme un écolier timide lève le doigt pour attirer l'attention de la maîtresse, Il réclame le micro et, inversant les rôles - c'est sa spécialité -, fait comme s'il était le témoin de moralité du témoin malmené: «Je tiens à dire à Yvon que je ne le vois pas du tout aider à faire ce genre de chose». «Ce genre de chose», c'est l'assassinat de son épouse
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