mardi 1 février 2011

La folle vie d’Amaury d’Harcourt

La cour d’assises de l’Hérault a étudié hier les facettes de la personnalité du vicomte et de sa drôle d’existence.


Alors M. D’Harcourt, est-ce que vous avez tué M. de Grossouvre ? » « Non ! », répond en souriant le vicomte à Me Christol, pendant que la salle rigole. A force d’être ici et ailleurs, l’ombre d’Amaury d’Harcourt s’est même portée hier derrière la mort de l’ancien sulfureux responsable des chasses présidentielles de François Mitterrand. « J’ai fourni des animaux pour repeupler Chambord quand Giscard était président, mais je ne m’occupais pas des chasses elles-mêmes. » Et Madame Claude, la plus célèbre mère maquerelle de l’époque ? « J’avais un actionnaire de chasse qui venait parfois avec des filles de Mme Claude, mais elle, je ne
sais même pas à quoi elle ressemble. »


Dans la famille d’Harcourt, l’une des trois plus anciennes de la noblesse française, remontant aux Vikings, la vie d’Amaury reste inclassable. Une enfance au château de Saint-Eusoge, dans l’Yonne, coupé du monde, avec une nurse anglaise, un précepteur, et les messes à la chapelle du domaine.


La guerre, à l’adolescence, cet officier allemand qui l’invite à jouer du cor de chasse, et le garçon qui raconte tout ce qu’il apprend là à la Résistance. La fin de l’Occupation, les combats au 11e bataillon de choc, la mort qui frappe et qui le frôle. L’Afrique, en 1947. Conducteur de poids lourd, chercheur d’or, représentant en pastis. Malade, ayant reçu l’extrême-onction, il est sauvé par un sorcier qui le fouette avec des plantes pendant un mois, dans sa case.


Au Congo, des militaires l’enferment plusieurs semaines dans une cage en pleine brousse. « L’ambassadeur est venu me tirer de là. » Et puis cette révélation, un jour, face aux tam-tams de la messe des piroguiers, à la cathédrale de Brazzaville. « Je me suis lancé dans le disque. »


Il part en camion enregistrer des chants traditionnels dans les villages, enchaîne sur l’Afrique du Nord. « En Égypte, j’ai enregistré Farid El Atrache, c’était comme un dieu, acclamé par la foule. Il avait deux bateaux, on enregistrait la nuit, soixante violons sur le Nil, avec la résonance sur l’eau, c’était très beau. » L’indépendance de l’Algérie, où était basée sa société, signe sa ruine et son retour en France. Ses parents lui donnent une maison de métayer, il se lance dans l’élevage de sangliers, crée le parc du Gévaudan, à Saint-Lucie, en Lozère, qu’il revendra au conseil général.


Entre-temps, trois mariages, une fille qu’il voit peu, et puis l’association Ivi, présentée par sa troisième épouse. Il y apprend « les 617 chakras du corps et les cinq principaux », devient responsable de l’Océanie, va y voir « les sites sacrés des aborigènes, des statues dans des grottes ». Les psys le disent sain d’esprit.


« Vous lui en voulez d’avoir déshonoré le nom de la famille ? » « C’est un euphémisme, M. le Président », répond le marquis Jean d’Harcourt, qui a hérité du titre et des terres. Amaury d’Harcourt l’avoue : « A la fin, ma vie a été un peu décousue. »


http://www.midilibre.com/articles/2011/01/31/A-LA-UNE-La-folle-vie-d-Amaury-d-Harcourt-1523777.php5

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