jeudi 3 mars 2011

« Chanal n'était pas le seul prédateur… »

L'affaire des disparus de Mourmelon ne serait pas seulement imputable à Pierre Chanal mais aussi à d'autres gradés de l'armée qui œuvraient à ses côtés. Quel cheminement vous a permis de soutenir cette thèse ?
Eric Bellahouel : « En 2004, j'ai trouvé des témoignages anonymes d'appelés pour le moins troublants sur le net. Mais je n'ai repris le dossier que l'an passé à la suite de la rencontre fortuite avec un ex-appelé. Celui-ci m'a raconté son calvaire. Il avait lui-même assisté à des viols et à des actes similaires à ceux qui étaient décrits sur le net. Par peur, il n'a jamais voulu apparaître nommément. C'est alors que je me suis penché sur ces témoignages. » « Le dossier d'instruction et certains enquêteurs m'ont confirmé que Chanal n'était pas le seul prédateur dans la région Champagne-Ardenne, même s'il s'agit d'une minorité de militaires. Les preuves sont au dossier. Par ailleurs, Pierre Chanal s'est confié à une personne peu avant sa mort. Il a assuré qu'il n'était pas le seul militaire concerné. Bien sûr, il s'agit encore d'un témoin qui ne veut pas apparaître par peur… Sauf peut-être si le dossier était rouvert. »
« Dès 1987, la justice connaît l'atmosphère qui règne dans ces casernes avec des militaires douteux aux pratiques parfois perverses. Quand le gendarme Jean-Marie Tarbes, directeur d'enquête dans l'affaire des disparus de Mourmelon, interroge Pierre Chanal pour la première fois, ce dernier lui répète comme un leitmotiv « qu'il n'a rien à voir là-dedans et qu'il n'était pas le seul militaire… » »


Vous parlez de « safaris » ou de chasses à l'homme…
E.B. : « Je me suis intéressé à ces histoires de chasses à l'homme ou de « safaris » car plusieurs appelés les évoquaient anonymement, mais dans le détail, sur le net. Les appelés contactés ou rencontrés n'ont pas assisté à de telles pratiques. Quelques-uns ont toutefois entendu des gradés qui les évoquaient dans des bars, sous l'effet de l'alcool. Par ailleurs, beaucoup d'affaires n'ont pas fait l'objet d'une enquête sérieuse comme dans le cas de Laurent Puypalat, d'Alain Gaudry, de Tahar Salah… Pourquoi ne pas avoir élargi le champ des investigations aux quelque 20 cas que nous avons listés dans le livre ? »
Pourquoi la piste d'autres pervers sexuels a-t-elle été abandonnée à l'arrestation de Pierre Chanal en 1988 ?
E.B. : « Tout simplement parce qu'il était le suspect idéal et que son arrestation en flagrant délit de viol arrangeait bien l'armée. Pierre Chanal était pervers et introverti mais il n'était pas si solitaire que cela. Certes, il était « accroché » pour le meurtre de Trevor O'Keeffe et les disparitions de Patrick Gache et de Patrice Denis grâce à des éléments pileux et à sa présence à Mourmelon au moment des faits. Mais je pense qu'il participait à des jeux comme de simples bizutages qui se terminaient mal. Après sa mutation à Fontainebleau, il revenait chaque week-end au para-club, comme le jour de la disparition de Patrick Gache. Sauf que les personnes du para-club n'ont été interrogées que des années plus tard. Manifestement parce que le juge Chappart et les enquêteurs de la SR de Reims ne disposaient pas de moyens suffisants. »
L'affaire des disparus de Mourmelon peut-elle être relancée sur le plan judiciaire ?
« Je pense que la justice se doit de rouvrir le dossier pour exploiter toutes les pistes. Le dernier acte judiciaire est le suicide de Pierre Chanal en 2003. Il reste donc deux ans pour relancer l'enquête sur la base d'éléments nouveaux. »


http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/%C2%AB-chanal-netait-pas-le-seul-predateur-%C2%BB

2 commentaires:

Unknown a dit…

en fait, chanal détestait les appelés de condition modeste. Il se comportait comme un membre d'une classe supérieure. Mais il ne l'était pas. Et s'il a été le bouc émissaire c'est qu'il a servit une classe qui l'a abandonné car il n'en faisait pas partie.

Anonyme a dit…

C'est tout à fait possible quand on sait que Chanal était mourant d'un cancer du rein en phase terminale au moment de son arrestation... Il se serait sacrifié se sachant perdu.