jeudi 31 mars 2011

Elle veut partir, il tire dans la tête

Nancy. « Ce n’est pas tous les jours qu’on tire une balle dans la tête de sa femme. Comment on explique ce passage à l’acte ? », s’interroge le président Michel Iogna-Prat devant le Dr Pierre Horrach. La question restera en suspens. L’expert psychiatre n’a pas suffisamment d’éléments pour éclairer le fond de cette tentative de meurtre de Christophe Wolff sur son épouse, Lucie, dans leur maison de Fraimbois, le 11 janvier 2009.
Entré hier dans le box, l’accusé de 43 ans n’a pas revu sa femme depuis les faits. La cour d’assises ne la rencontrera pas non plus. Elle n’a pas voulu venir, indique Me Didier Grandhaye, son conseil et celui de sa famille partie civile.
« Pour nous elle est morte »
Les jurés, majoritairement masculins, doivent faire avec les photos de la victime handicapée à près de 90 % . La jeune femme ne peut guère espérer d’amélioration de son état depuis ce coup de feu qui lui arrive en plein milieu du front, juste à la verticale du nez. « Si pour vous Lucie est vivante, pour nous elle est morte », assène à la cour, son frère Laurent.
La balle tirée à bout portant par la carabine 22 LR de l’accusé n’a laissé qu’une cicatrice sur le front. Derrière, elle a emporté une partie de la matière cérébrale de Lucie, de sa mémoire avant de s’arrêter contre l’occipital droit. La victime, en fauteuil, doit désormais composer avec une hémiplégie gauche, un important déficit cognitif, une concentration et une attention réduites.
La prise en charge médicale tardive de la jeune femme a aggravé le tableau clinique de la jeune femme, mais n’a rien changé à la gravité de ses séquelles. Si l’accusé tire le 11 janvier entre 21 h 30 et 21 h 50, il ne prévient les secours que le 12 à 0 h 18 et les empêche d’entrer. Pompiers, médecins et enquêteurs n’accéderont qu’à 0 h 40, à la chambre où Lucie est effondrée sur le lit. « Comme elle respirait, j’ai cru qu’elle se réveillerait », déclare Christophe Wolff à l’expert psychologue qui ne note, pas plus que le psychiatre, de trouble dans la structure de la personnalité du quadra.
Une certitude est cependant acquise : il n’a pas supporté le désir de sa femme de divorcer. Déjà confronté à un problème de stérilité, il a réagi sous le coup de la colère à l’annonce du départ de Lucie pour un autre. Elle avait bien un confident, mais il n’était qu’un amant imaginaire. Le désamour de la jeune femme, réel depuis son départ chez sa mère en 2008, tenait bien plus à l’intempérance de Christophe Wolff.
12 heures après son interpellation, il est encore à 1,98 g par litre de sang. L’expert toxicologue estime son imprégnation entre 2,65 g et 3,68 g au moment des faits. Il restait une bouteille de vin aux trois quarts vide sur la table de la cuisine le soir du drame. Ce n’est qu’une partie de la consommation de la journée évaluée par l’accusé lui-même à une dizaine de pastis et une bouteille de rosé quotidiens. Il lui fallait cela pour se relaxer et tenir le coup entre sa vie d’artisan très occupé et de propriétaire de cette maison de Fraimbois que le couple, qui ne partageait plus d’intimité depuis un an, retapait ensemble les week-ends. Lucie voulait vendre ce bien. Christophe l’aurait bien gardé avec son épouse dedans.
Il a tout perdu et peut-être aussi sa liberté pour longtemps. Il encourt la perpétuité.
http://www.estrepublicain.fr/fr/lorraine/info/4855821-Nancy-elle-voulait-le-quitter-il-lui-tire-dans-la-tete

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