jeudi 31 mars 2011

Sept ans de peine

C'est le tarif de la maison...comme il y a quelques mois dans l'affaire Latry, l'avocat général Cavaillès a requis dix ans de réclusion criminelle contre Jean-Louis Kleiber, poursuivi devant la cour d'assises de Lot-et-Garonne pour tentative d'homicide volontaire sur des gendarmes à Lougratte en mai 2007 (lire nos précédentes éditions). Une peine quelque peu attendrie par le jury, après la plaidoirie fleuve de Me Martial, qui a cherché à tordre point par point les éléments présentés par l'accusation.
N'empêche. Malgré tous les efforts de son avocat, Jean-Louis Kleiber va devoir passer les sept prochaines années de sa vie dans un établissement pénitentiaire. Ainsi en ont décidé ses juges en répondant oui aux questions posées par le président Mornet. Est-ce la meilleure place pour ce quadragénaire décrit hier, en ouverture des débats, comme « un petit paranoïaque atteint d'un syndrome de persécution à la dangerosité criminologique » par deux experts ?


« Remarquable » M. Boulestin

La réponse est venue de ces mêmes experts. « S'il avait pris un traitement neuroleptique pour soigner son activité délirante, il ne serait pas dans le box des accusés aujourd'hui. » Seulement voilà, avec des si, chacun sait bien ce qu'il adviendrait de nos tantes… Et, à la vérité, ce diagnostic n'a convaincu personne sur les bancs de la partie civile. Me Peis-Hittier d'abord, au soutien de l'adjudant Boulestin, atteint par deux des cinq tirs de l'accusé.

« En vingt ans de carrière, Boulestin ne s'est servi qu'une fois de son arme. Ce soir-là. Lors de cette intervention justifiée et légale », a insisté l'avocate. « Boulestin a été professionnel jusqu'au bout et n'a tiré qu'en état de légitime défense. Il a toujours présenté la même version des faits, à l'inverse de Kleiber, qui a multiplié les dépositions fantaisistes. » Me Peis-Hittier finira son intervention par un hommage justifié à son client. « Vous avez été remarquable ce soir-là. » Un compliment à étendre à ces trois jours de procès que les gendarmes Boulestin et Calvet ont suivi avec mesure et dignité.

« Un tyran domestique »

Calvet, justement. Prénom Cathy. Une coquette gendarmette de 20 ans le soir des faits. Depuis, elle a rompu le contrat qui la liait à l'arme. « La peur… Car, ils vous l'ont répété à plusieurs reprises, Kleiber a voulu les tuer. C'est évident. Quand quelqu'un vous défouraille dessus tous azimuts, est-ce parce qu'il a l'intention de vous tuer ? Je réponds oui », a martelé Me Briat.

L'avocat agenais a aussi dressé un portrait sans fard de l'accusé. « Un révolutionnaire aux idées courtes, un tyran domestique, mobilisé par la haine et la rancœur. Un saltimbanque, un cracheur de feu qui n'a jamais rien donné à ses juges… Trop de preuves tuent la preuve », a fini par lâcher Me Briat à son contradicteur du jour, Me Martial, également un chouïa rudoyé par l'avocat général : « C'est facile de faire pleurer une gamine, mais ce n'est pas ma tasse de thé », a glissé l'accusation en référence au départ en pleurs de Cathy Calvet après un questionnement musclé de la défense l'avant-veille. Une défense de niveau Top 14. Observateurs et parties attendaient la plaidoirie de Me Martial. Ils en ont pris pour deux plombes.

Intention homicide écartée

« Méfiez-vous de la vérité de l'hermine, car, dans ce dossier, tout est vérité partielle », a entamé l'avocat, s'étonnant au passage de la visite tardive des gendarmes chez un particulier pour y quérir un simple renseignement. « Et, en arrivant, pourquoi ne se sont-ils pas signalés en criant : "Gendarmerie !" en direction de Kleiber, qui ne voit rien, en contrebas, dans son hangar, avec les phares du fourgon de la gendarmerie dans les yeux ? »

La défense cherchera aussi à ébranler les piliers de l'accusation : « Comment les experts peuvent-ils dire que le premier coup qui blesse est tiré par Jean-Louis Kleiber ? » Me Martial demande d'écarter la tentative d'homicide sur le gendarme Calvet. « Il n'a d'ailleurs jamais eu l'intention de tuer qui que ce soit. Condamnez-le pour des blessures avec arme, adresse l'avocat aux juges. Quand un homme est à terre, parfois, il mérite d'être relevé. »

L'avocat s'assoit. Son client se lève. « Avez-vous quelque chose à ajouter ? », propose le président Mornet. « Non ! » renvoie Kleiber, qui, en trois jours, n'aura pas présenté la moindre excuse
http://www.sudouest.fr/2011/03/31/sept-ans-de-peine-358669-3603.php

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