mardi 26 avril 2011

Affaire Guérini : Le juteux business de “M. Frère”

L’un, bravache, n’en finit pas de savourer sa récente victoire électorale. L’autre, muet, végète à l’ombre des miradors. Ainsi vont les fortunes diverses de Jean-Noël, 60 ans, et d’Alexandre Guérini, 53 ans, un tandem fraternel. Les agissements présumés du second jettent une lumière crue sur des pratiques affairistes dans les marchés de déchets ménagers, pratiques qu’ausculte la justice marseillaise.

Sorti politiquement indemne du feuilleton judiciaire qui ne cesse de bousculer son frère cadet, Jean-Noël Guérini, bien que confortablement réélu, le 31 mars, à la tête du conseil général des Bouches-du-Rhône, demeure sous le coup d’une convocation, à tout moment, au palais de justice. Une audition qui ne présage en rien d’une mise en examen, mais qui pourrait clarifier la proximité entretenue par son frère avec d’ex-hauts fonctionnaires épinglés dans une procédure d’envergure où les détournements de fonds publics semblent légion.

Selon plusieurs sources judiciaires sollicitées par France-Soir, Charles Duchaine, le juge chargé d’instruire ce dossier aux multiples volets a en outre programmé moult convocations dont il maîtrise, seul, le calendrier précis.

Impulsée voilà bientôt deux ans par des courriers anonymes détaillés, cette vaste enquête, portant sur plusieurs marchés publics suspectés de fraude, vaut à Alexandre Guérini, surnommé « M. Frère », d’être écroué depuis le 1er décembre 2010 à la maison d’arrêt de Luynes (Bouches-du-Rhône). Depuis, les gendarmes opèrent un véritable tri sélectif dans le présumé « système Guérini » où, d’après la justice, les bonnes affaires du cadet auraient longtemps prospéré au détriment du contribuable grâce à l’entregent politique de l’aîné.

Changement de stratégie ?


Les écoutes téléphoniques embarrassantes ont eu beau fuité dans la presse lors des cantonales, le clan Guérini n’a cessé de démentir ce qu’elles suggèrent entre les lignes : Jean-Noël Guérini aurait tenté d’apporter une aide à son petit frère en l’informant notamment de l’instruction qui a fini par l’expédier en prison (nos éditions du 4 mars 2011). Selon les Guérini, ces vilenies proviennent d’opposants et de jaloux de tous poils, trop heureux d’atteindre politiquement l’un en exploitant à bon compte le business du second. Mais, selon les enquêteurs, le petit frère aurait pu confondre ordures publiques et bennes privées en pratiquant, au passage, des doubles facturations, à l’instar de ses curieux partenaires. L’instruction devra le confirmer.

Malgré les convocations fréquentes devant le juge Duchaine, « Guérini Junior », aussi encombrant pour son aîné qu’une décharge malodorante à ciel ouvert, n’a, jusqu’ici, pas varié dans ses dénégations. Non, insiste-t-il en substance, il n’a jamais siphonné les deniers publics.

Seul récent changement d’attitude : selon nos informations, il vient de remplacer l’un de ses avocats, Me Emmanuel Molina, par Me Jean-Louis Seatelli, du barreau de Bastia (Haute-Corse). Nouvelle stratégie susceptible d’augurer d’un changement de défense ? A voir. D’ici là, les probables développements de cette instruction marathon n’ont pas fini d’alimenter les prochains épisodes de « Poubelle, la vie », détournement du titre d’un autre célèbre feuilleton tourné, lui aussi, à Marseille et à l’audience toujours garantie.

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