vendredi 29 avril 2011

Agnelet en révision: un ancien truand dit vouloir "soulager" sa conscience

A quelques heures de son audition par la commission de révision, Jean-Pierre Hernandez, un ancien truand marseillais qui a récemment publié ses confessions, se disait jeudi "soulagé", confiant de pouvoir enfin innocenter Maurice Agnelet du meurtre en 1977 d'Agnès Le Roux.
"C'est le plus beau jour de ma vie. Je ne peux pas mieux vous dire", confiait M. Hernandez à l'AFP, qui doit témoigner l'après-midi à huis-clos. "Quand je sortirai de l'audition, je serai encore plus soulagé".
La disparition d'Agnès Le Roux, 29 ans, est une énigme judiciaire qui remonte à la Toussaint 1977. Ce week-end-là, l'héritière du casino niçois Le Palais de la Méditerranée se volatilise après être partie avec sa Range Rover. Ni voiture, ni corps ne seront jamais retrouvés.
Ayant bénéficié d'un non-lieu en 1985, son amant, Maurice Agnelet, est renvoyé aux assises. Acquitté en 2006, il est condamné en 2007 en appel à 20 ans de réclusion, peine confirmée en cassation.
Tout semble alors définitif. Mais un ouvrage paru en mars offre à Maurice Agnelet l'ultime espoir d'une révision. Dans "Confessions d'un caïd" (Editions du Moment), Jean-Pierre Hernandez, 75 ans, dit "Gros Pierrot", raconte son passé de truand, avec l'aide du journaliste François Mattei.
Au gré de ses confidences sur le milieu marseillais, cet ancien de la French Connection rapporte une conversation qu'il aurait eue en 1986 avec un ami voyou, quelques mois avant sa mort. "Jeannot" Lucchesi lui aurait confié avoir tué Agnès Le Roux dans le cadre d'un contrat.
"La fille du Palais de la Méditerranée, à Nice, tu sais, la fille Le Roux", lui aurait dit Lucchesi, "c'est pas le nave (l'idiot en argot, ndlr), c'est nous. C'est moi qui suis monté à Nice pour les lui filer. Ca ne m'a pas plu, j'étais dégoûté, mais on m'a demandé de le faire et je l'ai fait".
"Quand ça a été fait, aurait poursuivi Jeannot Lucchesi, (...) on a jeté le corps à la mer avec toutes ses affaires. Pour la voiture, on l'a emmenée à Marseille (...) pour la faire écraser".
Alors sur la paille, Lucchesi aurait demandé à "Gros Pierrot" de récupérer l'argent du contrat auprès du clan Zampa, dont le chef, le parrain marseillais Tany Zampa, est décédé en 1984.
C'est en apprenant la condamnation d'Agnelet en 2007 que Jean-Pierre Hernandez aurait décidé de cracher le morceau. Devant la commission de révision à 14H00, il pourrait même "en dire plus", confie-t-il sibyllin.
"Je ne connais pas Agnelet et ne veux pas le connaître", assure-t-il à l'AFP, "mais j'ai gardé tout ça dans ma tête jusqu'en 2007 et depuis je suis très mal. A un moment, je n'étais même pas loin de passer de l'autre côté..."
Pour Jean-Pierre Hernandez, la condamnation de Maurice Agnelet est une erreur judiciaire.
Les avocats d'Agnelet se sont jetés sur son témoignage, qui justifie selon eux une révision de la condamnation.
Ils ont donc déposé une requête devant la commission de révision des condamnations pénales qui a décidé d'entendre ce témoin surprise. Avant cette audition, à 14H00, les magistrats devaient écouter le témoignage de François Mattei, le journaliste qui a co-écrit le livre avec Hernandez. A 16H00, se sera le tour de l'ancien chef de l'Office de répression du banditisme, Lucien Aimé-Blanc, qui l'a préfacé.
François Mattei compte plaider la crédibilité de Jean-Pierre Hernandez. "Mon expérience sur ces dossiers ainsi que les vérifications ponctuelles que j'ai faites m'ont convaincu qu'il était parfaitement crédible", expliquait-il jeudi, avant de reconnaître qu'il a enquêté "sur le porteur du témoignage et non sur le témoignage lui-même".
http://www.nicematin.com/article/derniere-minute/agnelet-en-revision-un-ancien-truand-dit-vouloir-soulager-sa-conscience

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