mardi 31 mai 2011

Affaire Algret: Freitas seul contre tous

Le procès en appel du meurtre de Bernard Algret, en 2005, s'est ouvert hier, devant la cour d'assises des Côtes-d'Armor, à Saint-Brieuc. Un procès sous haute tension, pour lequel un imposant dispositif de sécurité a été mis en place.
«Je m'attendais à être reçu avec des fourches mais pas à ce point-là... Je suis innocent!». Les premiers mots de José Antonio Freitas de Jesus, criés à sa sortie du fourgon cellulaire, au milieu de policiers encagoulés, laissaient augurer un après-midi pour le moins agité dans la salle d'audience du tribunal de Saint-Brieuc. Un bâtiment en état de siège, surveillé de très près par des dizaines d'hommes lourdement armés. Il n'en a finalement rien été.

Franck Berton ne veut pas des «ninjas»

Le seul incident de la journée aura été provoqué par la demande, légitime, de Franck Berton, avocat lillois du principal accusé. Ce dernier souhaitait, en effet, pouvoir s'entretenir avec son client avant l'audience, «sans ninjas à côté!». Résultat: 45minutes de retard, le temps de trouver un bureau qui fasse l'affaire. Au premier regard, dans un box aux vitres blindées, spécialement aménagé pour ce procès hors normes, on comprend mal le déploiement de forces. Les cinq accusés, séparés par quatre hommes du Groupement d'intervention de la police nationale (GIPN), ressemblent à des hommes ordinaires. Mais leur réputation de figures du «milieu» nantais les précède. Et les multiples incidents d'audience qui ont émaillé le premier procès, à Quimper, il y a 18mois, n'incitent pas les policiers à baisser la garde une seconde.

Freitas l'étudiant

Barbe et moustache taillées, catogan soigneusement tiré, baskets blanches aux pieds, vêtu d'un jean, d'une chemisette claire à rayures et portant des petites lunettes rectangulaires lui donnant un air très sérieux, «Tonio», 44 ans, se présente au président de la cour d'assises comme un étudiant nantais, ayant sa carte pour le prouver! Avant d'écouter, sans broncher, la très longue lecture de l'acte d'accusation, qui fait froid dans le dos. Suivie de celle de l'arrêt de la cour d'assises du Finistère, le condamnant à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 22ans. À ses côtés, Joël Bogaert, dit «Jo», Rachid Harafane, alias «Scarface», Christian Soler, connu sous le sobriquet de «Chiffon» et Pierre Kolyé, surnommé «Peter», ne bronchent pas. Le regard au loin, dans le vague, ou la tête baissée, ils ne semblent pas concernés. Condamnés en première instance à des peines de dix et 20 ans, ils n'ont pas fait appel. Ils sont là par la force des choses. Ce procès, c'est bien celui de Freitas. Seul contre tous.

Enlèvement et tortures

Les quatre hommes de main sont soupçonnés d'avoir enlevé Bernard Algret, 58 ans, ancien propriétaire de trois bars à hôtesses brestois, le 16décembre 2005, à Bénodet (29). Puis de l'avoir séquestré et torturé, avant de jeter son corps lesté dans la Loire. Un corps qui ne sera repêché que quatre mois plus tard. Freitas, lui, est le commanditaire présumé de cette expédition destinée à régler un vieux contentieux avec Algret. Ilest aussi accusé d'avoir participé aux tortures, à l'aide d'une perceuse, d'une matraque électrique et d'une barre à mine... Des faits auxquels il nie farouchement avoir pris part. Accusant les autres, pour lesquels il voue désormais une haine non dissimulée, de l'avoir balancé pour lui faire porter le chapeau. Autant dire que les trois prochaines semaines s'annoncent plus que mouvementées. Le jury, composé de cinq hommes et sept femmes, rendra son verdict le 17juin.  

     http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/cotesarmor/assises-des-cotes-d-armor-affaire-algret-freitas-seul-contre-tous-31-05-2011-1319888.php

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