lundi 30 mai 2011

Affaire Algret. Procès sous tension à Saint-Brieuc

18 mois après avoir été condamné à perpétuité pour la mort du Finistérien Bernard Algret, José Antonio Freitas est rejugé en appel dès aujourd'hui, à Saint-Brieuc. Ambiance tendue garantie entre les cinq coaccusés.
Comme sur les bords de l'Odet en octobre2009, Saint-Brieuc va prendre des airs de Fort Chabrol durant trois semaines. Et vivre au rythme quotidien des escortes toutes sirènes hurlantes, des membres encagoulés du GIPN, des policiers armés aux abords d'un tribunal qui a investi 30.000€ en travaux de sécurité (box agrandi, porte blindée, couloir en verre résistant aux tirs de balles, salle à part avec double rangée de barreaux devant les fenêtres, chaises et tables fixées au sol...).

Plongée dans le milieu des bars à hôtesses

Un dispositif à la hauteur de la réputation des accusés, jugés en appel pour enlèvement, tortures et actes de barbarie. À Quimper, les premiers heurts, même avec les escortes, avaient éclaté au deuxième jour. Les suspensions nombreuses. Il y a fort à parier que le président Dominique Pannetier aura du pain sur la planche. Les cinq accusés n'auront de cesse de s'invectiver puisque les dires des uns enfonceront forcément les autres. Enfin, surtout l'un d'entre eux, une figure du milieu nantais: José AntonioFreitas, dit «Tonio», âgé de 42 ans, qui clame son innocence. Ce mélange de Joe Pesci et de RobertDeNiro, bien implanté quai de la Fosse à Nantes et déjà condamné à trois reprises aux assises, a écopé à Quimper de la prison à perpétuité. Pour la Bretagne, où de telles peines ne sont pas légion, ce procès n'a rien d'anodin. Il offre une plongée directe dans le milieu des bars à hôtesses, des hommes de main, du proxénétisme, des armes, des dettes d'argent ou d'honneur, des règlements de comptes...

Lesté dans la Loire après des tortures

«Tonio» est soupçonné d'avoir commandité, fin 2005, l'enlèvement à Bénodet (29) d'un ancien tenancier de bars à hôtesses brestois, Bernard Algret, âgé de 58 ans. Les deux hommes entretenaient un vieux contentieux. Enlevé par quatre hommes, le Finistérien avait ensuite vécu un véritable calvaire à l'arrière d'une camionnette à Nantes. Près de vingt heures de brimades et de coups, nu, bâillonné, une balle dans la cuisse, les genoux et un pouce troués avec une perceuse... Quatre mois plus tard, son corps était retrouvé, lesté dans la Loire.

Un avocat de renom

Freitas a toujours nié avoir commandité cet enlèvement auquel ont bien participé Joël Bogaert, âgé de 34 ans, Christian Soler, 46 ans, Rachid Harafane, 38 ans, et Pierre Kolyé, 30 ans. Des hommes de main condamnés en première instance à vingt ans de réclusion pour les trois premiers et à dix ans pour le quatrième. Au grand dam de la famille de la victime, tous avaient été acquittés des actes de torture. Quatre d'entre eux ont accepté ce verdict. Pas José AntonioFreitas qui a fait appel. Poussant le parquet général à en faire de même. Son problème se nomme Joël Bogaert, le seul à le charger ouvertement. Ce «Jo» au parler cru et sans qui les actes de tortures et de barbarie n'auraient jamais été décelés. Ancien homme à tout faire du Franco Portugais, il réfute la thèse du cambriolage qui a mal tourné et appuie l'enlèvement prémédité. Freitas lui voue, depuis, une véritable haine. Pour ce procès, «Tonio» a changé d'avocat. Exit Me Petit. Exit aussi Me Dupont-Moretti, occupé par l'affaire Colonna. José Antonio Freitas a opté pour un autre ténor du barreau, le Lillois FranckBerton. Défenseur d'OdileMarescaux dans l'affaire d'Outreau, de Florence Cassez, détenue au Mexique, ou encore des parents de Vincent Delory, l'otage tué au Niger, l'homme en robe a du tempérament. Il en faudra à cet avocat très médiatique pour contenir un client pour le moins imprévisible, un beau parleur capable d'amuser la galerie puis, dans la minute, de piquer une colère sans nom.

http://www.europe1.fr/France/Assassinat-proces-sous-tension-a-Nantes-564987

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