mercredi 11 mai 2011

Dix ans de réclusion criminelle requis contre David Schandelmeyer

L'avocate générale, Hélène Gaudet, a requis ce mercredi, devant la cour s'assise du Bas-Rhin, dix ans de réclusion criminelle contre David Schandelmeyer, accusé de violences volontaires sur un nourrisson de neuf mois ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

Dans son réquisitoire, qui a duré près d'une heure trente, l'avocate générale a souligné « la lourde tâche » des jurés dans ce dossier et est revenue sur ce qui s’est passé le matin du 7 mai 2009 au domicile de Carina B. et de son compagnon David Schandelmeyer à Benfeld. Elle note ainsi que «la mère n'a jamais changé de version. Elle a toujours dit avoir conduit la plus grande de ses filles à l'école vers 8 h après avoir réveillé son compagnon en lui confiant les deux autres enfants. Et quand elle est partie, Léa dormait dans son lit à l'étage de la maison. »

Des versions changeantes

Au contraire de David Schandelmeyer qui, lui, va changer sans cesse de version. « Au début la petite dort en haut, il ne s'est rien passé et elle a bu son biberon normalement. Puis, Léa dormait en bas dans sa poussette, et l'accusé évoque un accident de voiturette la veille qui aurait pu causer les blessures de l'enfant ». Ensuite, c'est le cosy qui a été renversé « par la soeur de Léa, qui n'avait pas trois ans au moment des faits » mais « le bébé rigolait et allait bien après sa chute ».
En octobre, « il se souvient que la veille au soir la mère aurait jeté la petite sur le canapé » pour avouer ensuite avoir inventé cela. Enfin, c'est « Léa a dormi en bas et elle est restée trois quatre minutes avec sa mère et donc on ne sait pas ce qui s'est passé pendant ce temps. »
L'avocate générale soulève des faits troublant. « Le 7 mai, l’accusé demande à l'interne si un objet lourd qui tombe aurait pu provoquer ces blessures avant qu’il ne soit suspect de quoique ce soit. D'où lui est sortie cette idée? ». Quand l'infirmière annonce à la famille qu'il va y avoir une enquête judiciaire, « la mère de Léa et la mère de David ne réagissent pas. Mais l'infirmière note un déclic dans le regard de l'accusé ». Au 3e interrogatoire, il lâche cette phrase: « de toute façon les experts pourront prouver ce qui s'est passé mais pas qui l'a fait ». Pour elle, « David sait quelque chose qu'il n'a jamais dit ».
Elle insiste aussi sur le fait que la mère en rentrant voit tout de suite que Léa est au plus mal alors que David soutient avoir vu entre-temps l'enfant rigoler et prendre son biberon. « Cette version dédouane automatiquement la mère de lui avoir donné un coup avant d'emmener la grande soeur à l'école ».

Une pièce rapportée à sacrifier

« Ce qui est sûr, martèle Hélène Gaudet, c'est que l'accusé était seul au moment des faits et qu'il y a eu des coups » puisque l'on a relevé « 39 ecchymoses » sur le corps de Léa. Elle fustige l'attitude d'un accusé qui, « pour se dédouaner, met en cause la mère » et enclenche ainsi la réaction « du clan Schandelmeyer qui, pour sauver son rejeton, va se retourner contre la mère ».
« Dans ce système clanique, Carina B. était une pièce rapportée qu'on pouvait sacrifier dans l'intérêt du clan » reprend Hélène Gaudet, en citant le père de l'accusé qui reproche à Carina «d'envoyer les hommes en prison ». Son beau-père qui l'a violée et mise enceinte, son mari qui a exercé des violences contre elles, son compagnon qui a causé la mort de son bébé. « David Schandelmeyer est lui aussi prisonnier de ce système clanique, insiste l'accusation, car il ne peut pas avouer ce qu'il a fait devant son clan. »
Même si ces violences mortelles sont assorties de circonstances aggravantes car commises sur une enfant de moins de 15 ans et par une personne ayant autorité, Hélène Gaudet considère que l'accusé s'est retrouvé à 18 ans, à vivre en couple avec trois enfants, « ce qui permet de comprendre ses difficultés à gérer les cris d'un petit enfant ». Elle a requis une peine de dix ans de réclusion assortie d'une obligation de soins.


La défense plaide l’acquittement

Me Michaël Wacquez a demandé à la cour d’assises du Bas-Rhin d’acquitter David Schandelmeyer jugé dans l’affaire de la mort de la petite Léa, neuf mois, morte après avoir été violemment frappée au ventre.

L’avocat de l’accusé s’est désigné comme « le dernier rempart contre une éventuelle erreur judiciaire » pour David Schandelmeyer. Pour Me Wacquez, l'accusé « n'a pas commis les faits qu'on lui reproche « et les preuves manquent « pour jeter cet homme dans les geôles de la République ». « David Schandelmeyer est innocent, insiste-t-il, parce qu'il n'a jamais porté de sa vie le moindre coup aux enfants » de Carina B. dont il a « tatoué les noms » sur sa peau.
Pour lui, c’est la mère qui est « hystérique », qui « peut s'emporter » et « commettre parfois des actes de violences verbale et physique ». Depuis plus de deux ans, souligne-t-il, « les deux autres enfants ont été placées car en danger » parce qu’on considère que « Carina B. est incapable d'élever ses enfants ».

Une mère « incontrôlable »

« Des interrogations, il y en a dans ce dossier. », reconnaît-il tout en dénonçant les « méthodes déloyales de l'accusation ». Il revient sur les premières déclarations de l'accusé. « J'ai été réveillé parce que Léa pleurait et qu'elle était dans son transat en bas dans le salon ». Comme la mère ne donne pas la même version, selon l’avocat, « David Schandelmeyer perd pied et donne une autre version, puis une autre ».
« On dit que ces tergiversations sont la preuve de sa culpabilité, assène –t-il, alors qu'on ne peut pas prouver que la mère n'est pas restée seule avec Léa quelques minutes ce matin-là ». Pour la défense, l'accusé a toujours dit « qu'il n'avait pas porté de coups ». En revanche, la mère était « incontrôlable », « capable de tout et de n'importe quoi ». « J'ai vu ses yeux et son regard, s’exclame l’avocat, et je vois cette femme donner un coup de pied à son enfant » parce qu'elle était ce matin-là « mal lunée ». Il dénonce certains témoignages : « Lorsqu'il y a des incertitudes, on vient broder. L'infirmière a vu un déclic dans le regard de l'accusé et bientôt elle va lire dans le marc de café! »
En prison, alors que l'accusé réclame son transfert à Strasbourg, « il va s'emporter, une seule fois, et on en fait une preuve de culpabilité ». L'avocat a conclu sa plaidoirie de plus de 30 minutes en demandant l'acquittement de David Schandelmeyer.
Ce dernier, invité à s’exprimer une dernière fois a répété : « J'ai jamais levé la main sur un enfant. Cela fait deux ans que je suis en prison pour rien. »
http://www.lalsace.fr/actualite/2011/05/11/dix-ans-de-reclusion-criminelle-requis-contre-david-schandelmeyer

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