dimanche 29 mai 2011

«Présumé coupable»: une première au cinéma pour l'affaire d'Outreau

Le premier film sur l'affaire a été présenté vendredi à Tourcoing avant de sortir le 7 septembre prochain...
Le premier film sur l'affaire de pédophilie d'Outreau, Présumé coupable, a été présenté vendredi à Tourcoing (Nord), alors que le dossier a ressurgi en mai avec le livre accusateur d'une victime et une affaire de moeurs impliquant des acquittés du procès en appel de 2005.
17 personnes arrêtées
Dix ans après le déclenchement des procédures, ce film, produit par Christophe Rossignon (La Haine, Welcome) et dont la sortie nationale est prévue pour le 7 septembre, est la première fiction à s'inspirer directement de cette affaire judiciaire qui a défrayé la chronique.
Débuté en février 2001 avec l'arrestation et l'incarcération de 17 personnes, le dossier avait viré au fiasco judiciaire et finalement abouti à l'acquittement de 13 des prévenus, après deux procès aux assises en 2004 et 2005.
Inspiré du livre Chronique de mon erreur judiciaire, écrit par l'un des protagonistes de l'affaire, Alain Marécaux, le film raconte la «descente aux enfers» de cet huissier, accusé d'actes de pédophilie, puis innocenté après 23 mois de détention provisoire.
L'histoire d'un cauchemar
A l'heure où Cherif Delay, l'un des enfants-victimes, sort un livre dans lequel il réitère des accusations contre certains des acquittés d'Outreau (sans citer de noms), Alain Marécaux tient lui aussi, au travers de ce film, à réaffirmer sa vérité et à raconter son histoire, celle d'un «homme embarqué injustement dans la machine judiciaire et qui a tout perdu».
«Il ne s'agit pas de refaire l'affaire d'Outreau. Ce film, c'est avant tout l'histoire d'un homme, l'histoire de mon cauchemar», explique l'huissier, qui a toujours clamé son innocence et a fait plusieurs tentatives de suicide pendant sa détention.
Le film s'ouvre sur le visage d'un homme brisé. Alain Marécaux, incarné par Philippe Torreton, les yeux rougis, raconte sa vie d'avant. A l'écran, défilent les images d'une famille sans histoires, d'un quotidien banal, soudainement brisé par l'arrestation de l'huissier et de sa femme un matin de novembre 2001.
Puis très vite, les faits s'enchaînent comme un engrenage infernal: la garde à vue, la perquisition, la mise en examen, la prison.
Quatre années de procédure
En tout, quatre années de procédures, filmées au plus près, caméra à l'épaule, sont racontées au travers du regard d'un homme subissant les faits, impuissant, et dont le visage, cadré en plan serré, se marque et se décompose au fil des scènes, à l'image d'une vie qui part en lambeaux.
Avec ce film «on a voulu pousser un cri, pour dire voilà comment ça se passe quand la justice dérape, voilà comment on peut briser des vies», a résumé Philippe Torreton vendredi soir à l'issue de l'avant-première, à laquelle assistaient 630 spectateurs.
Pour Alain Marécaux, qui a longtemps hésité avant de s'engager dans l'élaboration du film, «ce qui comptait c'est que le film retranscrive les faits, la souffrance, tels que nous les avions vécus».
«A tout moment, j'avais un droit de vie et de mort sur ce film. A tout moment, je pouvais dire, on arrête tout», raconte l'huissier.
«Ce qui m'est arrivé peut arriver à chacun d'entre vous demain», a conclu M. Marécaux, en s'addressant au public à l'issue de la projection.
L'histoire d'Outreau est brusquement revenue dans l'actualité en mai avec le placement en garde à vue de Frank et Sandrine Lavier, deux acquittés en appel, accusés aujourd'hui de «corruption de mineurs». Ils sont convoqués devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer le 7 juillet.
http://www.20minutes.fr/article/732054/presume-coupable-premiere-cinema-affaire-outreau

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