vendredi 20 mai 2011

Procès Terrasson à Bordeaux : François-Xavier Bordeaux fait parler Alain Juppé

17 h 24. Après une suspension d’audience, le banquier retrouve son allant pour invoquer « le complot ». « François-Xavier, c’est moi qui était visé, m’a dit le maire de Bordeaux. On a d’ailleurs précipité notre interpellation pour profiter de l’absence d’Alain Juppé à Bordeaux. Alain Juppé m’a dit de fouiller le dossier pour trouver la faille. Je l’ai trouvée. Quand je dis un moment que Nicolas Sarkozy est un petit Pinochet, voilà la clé. Comme on a voulu se débarrasser de Villepin avec le croc de boucher, on a voulu se débarrasser de Juppé avec cette affaire pour les présidentielles. »


16 h 30. Confronté à des écoutes souvent accablantes, François-Xavier Bordeaux est soit dans le déni, soit dans la posture d’un espèce de comique incompris (son fameux deuxième degré), soit dans un silence assez pesant. « Finalement, tout cela, on ne l’a pas fait » dit-il quand il ne sait plus quoi répondre.

16 h 15. François-Xavier Bordeaux se défend en affirmant n’avoir pas trouvé la vieille dame en état de faiblesse. Selon, elle n’était bien que lorsqu’elle se trouvait en présence de la voyante. Il affirme également n’avoir pas été au courant des certificaux médicaux concernant son état. Et avoir suivi de très loin les mesures de sauvegarde la concernant. « Je suis intervenu de l’extérieur dans cette affaire » dit-il.

15 h 40. Le banquier François-Xavier Bordeaux répond avec aplomb aux questions de la présidente. Lui qui a fait sermoner une employée de la Barclay's pour faute professionnelle parce qu'elle s'était émue de propos inquiétants de la vieille dame, intimidé un agent immobilier de Biarrtitz qui avait obtenu mandat de Jeanine Terrasson pour vendre son appartement du temps où elle était sous la protection du poissonnier Trassy, procédé au « signalement » de Jean-Marie Trassy, apparaît beaucoup moins exigeant vis-à-vis de lui-même. Ainsi, confronté à une écoute, il doit convenir qu'il a considéré les biens de Jeanine Terrasson déjà propriété de Nicole Dumont dès lors qu'elle était devenue sa légatrice universelle. « Un homme de votre niveau doit tout de même savoir qu'un testament est révocable à tout moment. Et ne devient effectif qu'à la mort de son auteur » lui rétorque la présidence. Comme à chaque fois qu'il n'a pas de réponse, FXB glisse. « J'ai considéré que ces objets allaient lui revenir plus tard ».

12 h 50. Le banquier se présente très tendu à la barre. Et commence par déclarer avoir songé au suicide lors de sa détention provisoire. Le policier mis en cause par Claude Dumont pour son jeu trouble avec Natacha Farinole ayant été l’un des premiers à l’entendre, FXB remet en cause cette audition et vide son sac. « Il m’a demandé comment j’appelais Nicole Dumont en privé, ma chérie, ma cocotte, ma puce ? Il m’a demandé combien de fois j’avais de rapport avec elle par semaine… Puis il a laissé entendre que j’organisais des partouzes, que j’avais deux maîtresses, que Nadine Dumont était homosexuelle… Tout cela est scandaleux. »

FXB, avant même que la présidente ne lui pose de question, évoque spontanément la fameuse écoute dans laquelle il disait pouvoir payer son divorce en vendant les bijoux de Jeanine Terrasson. « La production complète de cette écoute a montré que j’évoquais avec Nicole Dumont dans cette conversation le cas d’un ami qui divorçait. A la fin, ce que j’évoquais était sous le coup de la plaisanterie. Or cela a été diffusée dans la presse entière. »

La présidente le rassure. « Le tribunal a noté votre sens de l’humour, quand vous dites par exemple à Jeanine Terrasson qu’Hermès va créer une collection de cercueils à son nom. »

FXB conclut sur ses relations avec Nicole Dumont : « Nicole Dumont peut avoir un moment dit ce qu’elle voulait entendre en tant que femme. Mais à aucun moment il n’y a eu de projet matrimonial entre nous. »

12 h 12. Nicole Dumont précise avoir rencontré pour la première fois l’avocate Martine Moulin-Boudard en mars 2005 au domicile de Jeanine Terrasson. « Je la connaissais par les médias. Je savais depuis déjà longtemps que je la rencontrerai un jour ».

11 h 45. La présidente a interrogé Nicole Dumont la voyante sur sa relation avec François-Xavier Bordeaux.

  • « Je le connais depuis le début 2000. C’étaient des liens sentimentaux. Cela ne regarde que moi. C’est ma vie privée » répond-elle.
  • « Cela regarde aussi le tribunal » insiste la présidente.
  • « Vous savez, je suis très romantique. C’est difficile pour moi. »
  • « Il était votre fiancé ? » demande la présidente.
  • « Mon amoureux » précise-t-elle.
  • « Il envisageait de divorcer pour vous ? »continue la présidente.
  • « Oui, il l’a dit une fois. Mais n’a jamais entrepris de démarche » termine Nicole Dumont.

11 h 15. En garde à vue, la voyante avait indiqué avoir fait deux voyages en Suisse. En réalité, elle y sera allée cinq fois. Les trois dernières seules avec le banquier François-Xavier Bordeaux. Devenue « co-titulaire » du compte de Jeanine Terrasson, la présence de la vieille dame n’était plus nécessaire. A l’occasion de ces cinq voyages, du 28 juillet 2005 au 23 octobre 2006, Nicole Dumont aura retiré 183.000 €. « Alors que pour l’année 2003, les retraits en Suisse de Mme Terrasson s’étaient montés à 17.000 € » note la présidente. De l’argent que Nicole Dumont a « gardé chez elle ».

« Vous aviez peur de Jean-Marie Trassy au point de cacher chez une amie des brouillons de testament rédigés par Jeanine Terrasson, mais vous ne redoutiez pas d’être cambriolée avec tout ce liquide ? » s’étonne la présidente. « Pour moi, l’argent, c’est moins important que des papiers écrits par Mme Terrasson. Ce n’est que de l’argent. Et puis, c’était aussi mon argent puisque j’étais co-titulaire » répond la voyante. La présidente, en recoupant pièces et écoutes, chiffre à 75.000 € les dépenses probables consacrées à la vieille dame. Restent donc 100.000 € qui se seraient évaporés. « J’ai tout dépensé au bénéfice de Mme Terrasson. Nous allions au restaurant. Je lui ai offert une télé… D’ailleurs, cela ne surprend personne aujourd’hui quand la tutelle affirme dépenser 20.000€ mensuels pour assurer son train de vie » se défend la voyante.

10 h 45. Le 25 septembre 2005, Jeanine Terrasson et Nicole Dumont reprennent la direction de Genève avec l’'avocate et l’'adjointe au patrimoine de Bordeaux, Martine Moulin-Boudard. A la banque Lombard-Odier, Jeanine Terrasson fait de Nicole Dumont la « cotitulaire » de son compte disposant de 750.000€ euros. Un ordre de transfert vers une filiale à Nassau aux Bahamas est accompli. Nicole Dumont s'’en souvient mais ne parvient guère à fournir d’explications. « Ce n’'était pas de mon ressort. Vous allez me trouver originale mais je me souviens davantage des tableaux aux murs que de tout cela » dit Nicole Dumont. A la barre, elle a d'’ailleurs dit qu’elle était devenue « colocataire des comptes » de Mme Terrasson. Elle ne se souvient notamment pas pourquoi avoir fait porter sur le dossier la mention : « Ne pas faire suivre la correspondance ».

10 h 30. Lors de ce voyage en Suisse, Nicole Dumont affirme n’'avoir rien retiré avant que la présidente ne lui rafraîchisse la mémoire. « Oui, nous avons retiré 18.000 euros€. » « Pourquoi avoir séparé cette somme en deux, dont l’'une dans la poche de Jean-François Lhérété ? » demande la présidente. « C’'est madame Terrasson qui m’avait demandé de le faire » répond Nicole Dumont. « Et Jean-François Lhérété ne s’est pas étonné auprès de vous de recevoir cette enveloppe de 9000€ euros ? » »Ce n’est pas moi qui la lui ai donnée, c’'est Mme Terrasson » répond la voyante.

10 h 15. L'audience a repris avec l'examen des voyages en Suisse de Nicole Dumont à la recherche des comptes Suisse de Jeanine Terrasson. « C'est sur ces retraits que repose la qualification d'abus de confiance agravé par vulnérabilité et l'association de malfaiteurs » prévient la président Marie-Elisabeth Bancal. Le premier voyage en Suisse a lieu le 28 juillet 2005, alors que la vieille dame se remet à peine d'une double fracture du bassin.

Jean-François Lhéréte, alors directeur des affaires culturelles, pilote la voiture dans laquelle se trouve Jeanine Terrasson et Nicole Dumont. En apprenant ce voyage, le docteur Gayet, qui s'est substitué au chevet de Mme Terrasson sur l'intervention de Jean-François Lhérété, s'en indigne. A l'époque, la voyante ne peut ignorer que la vieille dame bénéficie d'une mesure de sauvegarde (justice des tutelles).

« Nous sommes allés en Suisse parce que Mme Terrasson n'avait plus d'argent et ne voulait pas vendre ses procelaines » déclare dans un premier temps Nicole Dumont. « Pourquoi visiter trois banques ? » demande la présidente. « Parce que Mme Terrasson soupçonnait de s'être fait voler par ses amis Costa » répond Nicole Dumont.
http://www.sudouest.fr/2011/05/16/archives-affaire-terrasson-dates-reperes-396566-2780.php

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