vendredi 3 juin 2011

Craighero « le bidouilleur » a encore fui ses juges

Hier, Mario-Louis Craighero comparaissait pour faux en écriture publique ou authentique. Comme à Troyes en mars, l'ex-président du tribunal correctionnel de Reims a préféré fuir ses juges plutôt que de s'expliquer. Le procureur a requis six mois de prison avec sursis, 10 000 euros d'amende et la privation des droits civils, civiques et familiaux pour une durée de cinq ans. Délibéré le 8 juillet prochain.
UNE fois encore hier, Mario-Louis Craighero a écorné l'image de l'institution judiciaire qui l'a nourrie de 1979 - date de son entrée dans la magistrature - jusqu'à son éviction par le conseil supérieur de la magistrature le 20 janvier dernier. Car l'ex-président du tribunal correctionnel de Reims a fait le choix de quitter la salle d'audience du tribunal correctionnel de Châlons après avoir « pris en otages » ses juges. Comme à Troyes en mars dernier, l'ex-magistrat a tenté de semer le doute quand à leur probité. Son avocat, Me Vincent Nicolas, a en effet soulevé « l'incompétence du tribunal de Châlons à pouvoir le juger », au prétexte qu'il est dans le ressort de la cour d'appel de Reims comme Mario-Louis Craighero naguère.
« Nous ne sommes pas dans une procédure pénale, mais de dénigrement et d'humiliation, même si elle n'est pas de votre fait », clame le conseil de l'ex-juge. Il pense alors convaincre le président Hubert Hansenne et ses assesseurs que le risque de partialité les fera se ranger derrière la décision du tribunal de Troyes à se déclarer incompétent. « Les conditions d'un procès équitable ne sont pas réunies », poursuit Me Nicolas. Et puis, le temps du chantage est venu. Mario-Louis Craighero, par la voix de son avocat, tente d'imposer ses règles du jeu, menaçant purement et simplement de fuir ses juges si l'affaire était examinée au fond.

« Vous êtes des guignols »

Une argumentation qui a eu le don de faire bondir Me Clarisse Serre, avocate de l'union/l'Ardennais, victime du faux en écriture publique dont est suspecté Mario-Louis Craighero. « Il faudrait que l'on respecte des principes alors que le prévenu ne les a pas lui-même respectés dans une procédure de diffamation dont il avait la charge. » « Tout prévenu doit assumer. Il n'est pas plus humilié que les prévenus qui comparaissent aujourd'hui (Ndrl : hier) dans la salle d'en face », ironise-t-elle. Et l'avocate parisienne d'enfoncer le clou : « En fait, Mario-Louis Craighero vous dit qu'il est humilié car vous n'êtes pas indépendants. Ce qui revient à dire que vous êtes des guignols. »
« La seule question qui vaille pour vous est de savoir si vous êtes collectivement indépendants et impartiaux pour juger des faits reprochés à Mario-Louis Craighero », estime le procureur, Christian de Rocquigny du Fayel. Pour lui, la réponse ne fait pas de doute : « La vraie question est plus généralement : qui jugera les juges ? » Là encore, il répond par l'affirmative : « Je pense que les juges qui n'ont pas respecté la loi doivent être jugés par leurs pairs ».Le président Hansenne n'en a pas décidé autrement, joignant l'incident au fond. Ce à quoi Mario-Louis Craighero, suivi de son avocat, a riposté en quittant la salle d'audience sur le champ, avant les débats (voir par ailleurs). Tête haute et par la grande porte, à l'inverse du tribunal correctionnel de Troyes où il s'était carapaté par une porte dérobée. Le métier qui rentre, sans doute.

http://www.lunion.presse.fr/article/marne/craighero-%C2%AB-le-bidouilleur-%C2%BB-a-encore-fui-ses-juges

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