mercredi 29 juin 2011

Dossier Camus : le Parquet craque

IL a fallu quinze jours, à 24 heures près, pour que les confessions et révélations à l'union de Rémi Camus contrarient, de manière visible, et le juge d'instruction à Cambrai et le Parquet général à Douai. Rappelons-le, Rémi Camus, quadragénaire thiérachien dont le profil n'a rien à voir avec celui d'un enfant de chœur, est recherché depuis plusieurs mois par la justice dans le cadre d'une affaire de vol et de recel d'objets anciens, affaire datée de 2003 et à laquelle le nouvel honnête homme se dit étranger. Une information judiciaire a été ouverte, mais Rémi Camus n'a pas eu l'audace de s'expliquer devant juge d'instruction, Rodolphe Uguen Laithier, lors d'une convocation pour première comparution en avril. L'ancien délinquant craignait de ne pouvoir compter sur un procès équitable. Son avocat chaunois, Me Gaterre, semble-t-il pas très fan du magistrat instructeur, avait du reste appuyé ses dires.

Un comportement « déplacé »

Situation délicate s'il en est et, désormais, légèrement ubuesque puisque celui - casier chargé mais rangé dit-il - que les enquêteurs soupçonnent de vol et de recel, est sous le coup d'un mandat d'arrêt. Mieux : le Parquet près la cour d'appel de Douai (le poste de procureur est vacant à Cambrai. Il sera pourvu en septembre), parquet lecteur (et on le remercie) épisodique (ce qui est dommage) de l'union paraît aujourd'hui perdre un peu de sa patience. En quelques mots, voilà ce qu'il fait comprendre : Camus ferait bien de se rendre parce qu'il va se faire coincer ; l'avocat gagnerait à raser les murs et à réviser son code de procédure pénale et le juge d'instruction ou les substituts de Cambrai, dont ce n'est pas le métier de communiquer, auraient probablement pu mieux gérer leur épais silence.
Bref, un homme a aujourd'hui les coudées franches pour parler. Il s'appelle Jérôme Marilly et n'est autre que secrétaire général auprès du parquet de Douai. C'est aussi lui qui occupera à plein-temps, en septembre, le poste de procureur à Cambrai. Ce qui n'est une petite besogne.

Aucune négociation

« Dans le dossier Camus, l'interrogatoire de première comparution, auquel ce monsieur ne s'est jamais rendu, il ne pouvait être mis en détention, ne serait-ce que pour des considérations techniques, par exemple les délais nécessaires pour être reçu par le juge des libertés. Il n'était même pas question d'une mise en examen, même si cela reste une possibilité. Il y aurait donc sûrement eu une demande de mise sous contrôle judiciaire. Au lieu de cela, poursuit Jérôme Marilly, cette personne s'est soustraite à la justice et son avocat semble approuver cette démarche en critiquant, au surplus vertement, l'attitude du juge d'instruction. Ce n'est pas au Parquet de défendre l'instruction, mais ce qui est clair, c'est que les propos de Me Gaterre et son comportement nerveux ont été totalement déplacés. Nous nous en sommes d'ailleurs ouverts au barreau de Laon et nous attendons une explication. » Rémi Camus sera également content de l'apprendre : le Parquet de Douai n'est pas du tout disposé à négocier pour garantir à l'intéressé une suite de procédure sans détention. « Par exemple, si nous finissons par l'arrêter dans un aéroport, ce qui va arriver, il est presque certain qu'alors, il séjournera quelque temps en prison, éclaire l'émissaire Marilly. Ce dossier, ne l'oublions pas, date de 2003* ! Il est grand temps d'en terminer le traitement », explique le ministère public.
Vues de l'Aisne, les choses semblent mal engagées par le resquilleur Camus et son conseil chaunois. Ce dernier, qui officiait dans les prétoires quand l'instructeur débutait en fac, entend bien ne rien lâcher. Et dénoncer, par exemple, la jonction au dossier, par le juge d'instruction, d'un article de presse pas sucré dans lequel le silence du magistrat côtoyait les paroles d'un fugitif… « Il y a beaucoup de tensions et d'incompréhension dans cette affaire. Je fais partie de ceux qui pensent que, sauf cas très particuliers, l'institution judiciaire se doit de communiquer », estime néanmoins Jérôme Marilly. Un bon début pour cette fin… provisoire.

Yves KLEIN

*En matière de délit, le délai au-delà duquel les poursuites ne peuvent plus être engagées est de dix ans.

http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/dossier-camus-le-parquet-craque

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