mardi 28 juin 2011

La défense instille doute et tensions

Or l'enjeu est ailleurs : savoir si Julien Sailly, ce jeune homme d'à peine 23 ans, qui semble frêle, On s'est parfois demandé, hier, si on assistait à un procès criminel ou à une vente à la criée sur le port de Calais. Dans une salle chauffée à blanc par la canicule, la famille de Clélia Médina a assisté, médusée, à des envolées agressives mettant aux prises la défense, représentée par le bouillant Éric Dupond-Moretti, tantôt avec l'avocat général Luc Frémiot, tantôt avec Blandine Lejeune pour la partie civile, tantôt avec la présidente Sylvie Karas, qui a eu les pires difficultés à maintenir le calme. Toute la journée, Me Dupond-Moretti a multiplié les effets de manche laissant entendre que le procès n'était pas équitable. Un classique éprouvé.
L'hypothèse d'un rôdeur ?

Or l'enjeu est ailleurs : savoir si Julien Sailly, ce jeune homme d'à peine 23 ans, qui semble frêle timide et bien jeune dans son box, a tué sa petite amie, Clélia Médina, le 17 février 2008. Une Clélia - dont les images très violentes du corps sans vie, à moitié immergé dans la Deûle, au pied du Colysée de Lambersart, ont été diffusées hier à l'audience - qui méritait sans doute autre chose que cette véritable foire d'empoigne.
Originaire du quartier lillois du Faubourg de Béthune, Julien n'a jamais été condamné ni arrêté pour quoi que ce soit. Et lorsqu'on écoute sa famille, on découvre un garçon « calme », « posé », « courageux » dans sa recherche de travail et équipier modèle de football. Pour ses proches, parmi lesquels « personne n'arrive à y croire », pas de doute : Julien, qui avait « une attitude normale » au lendemain du drame, est victime d'un acharnement judiciaire. Mais les experts décrivent un jeune homme aux penchants « machistes » et « égocentriques ». D'après la psychologue, « il ne considère les situations que de son seul point de vue, et a une intolérance aux frustrations pouvant déclencher des réactions agressives ». Sans compter cette froideur apparente lorsque les policiers évoquent le décès de Clélia, qu'il est censé découvrir s'il est innocent : « Il n'a pas eu l'air surpris, et ne nous a pas donné l'impression d'être très touché par la mort de sa petite amie », témoigne à la barre un policier de la PJ, qui souligne que Julien a « adapté ses versions au fil de l'avancée de l'enquête ». Dans le box, l'accusé ne fait rien pour altérer cette impression.
Lorsque la présidente lui demande s'il s'en veut d'avoir déposé Clélia, comme il le dit, à 1 km de chez elle, à 5h30, en février, la réponse est sobre : « Elle m'a dit de la laisser là, vous vouliez que je lui dise quoi ? » Idem lorsque Luc Frémiot lui demande s'il est convenable de sortir avec deux filles simultanément, et de les traiter de « connes » pour n'en avoir rien vu : « Je me disais que c'était bien d'avoir deux copines, mais je ne voulais pas de relation sérieuse. » Sur le fond, Me Dupond-Moretti a pilonné à maintes reprises les défauts d'une enquête « uniquement à charge » , qui n'a pas exploré toutes les pistes envisageables. Celle de ce rôdeur, aperçu sur les lieux à l'heure du crime. De ces chaussures tâchées de sang et retrouvées dans un égout, qui n'appartiennent pas à Julien. De ce mouchoir prélevé sur la scène de crime, appartenant à un homme déjà condamné pour violences, mais qui n'aurait pas fait l'objet d'une enquête approfondie. Les carences des policiers se font flagrantes : « Pourquoi, alors qu'il dit avoir nettoyé sa voiture dans une station-service la veille du crime, les policiers ne font-ils la vérification qu'un mois et demi après ? », questionne-t-il à la cantonade. Le doute est instillé. Suite aujourd'hui avec l'examen de la personnalité de la victime

http://www.nordeclair.fr/Actualite/2011/06/28/la-defense-instille-doute-et-tensions.shtml

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