mercredi 29 juin 2011

Le chevalier n'était pas blanc

L'action se déroule non loin du boulevard de Belfort et de la rue Armand-Carrel, sur la ceinture Sud de Lille, le 25 juin. Vers 21 h 20, une patrouille de la brigade anticriminalité aperçoit, dans le renfoncement d'un porche donnant sur un cabinet dentaire, trois personnes qui ont l'air de se battre. Farid Taidi, un Roubaisien de 35 ans, aurait cogné un jeune homme et aurait fouillé ses poches. 6,50 euros auraient changé de propriétaire au moment même où les policiers interviennent et interpellent le présumé agresseur.
Farid Taidi a bien l'argent sur lui, la victime se plaint mais le prévenu proteste : « Je l'ai vu qui se faisait dérouiller, je suis venu à son secours. Je lui ai dit : "Montre ton argent, ils t'en ont sûrement piqué". » Ce serait dans ces circonstances que le prévenu se serait retrouvé avec le faible pécule de la victime. « Décidément, dans une chambre correctionnelle, on peut entendre tout et n'importe quoi », soupire la procureure. En effet, les policiers et la victime n'ont pas l'air d'accord pour innocenter le prévenu.


Mais Farid Taidi maintient sa version : il est dans le rôle d'une sorte de chevalier blanc venu à la rescousse du volé. « Et voilà ce qu'on dit de moi ! Je l'ai vraiment aidé, ce gars-là, c'est tout de même pas moi qui ai demandé à le rencontrer », clame le prévenu.
Bien sûr, comme le souligne la procureure, avec 22 condamnations au compteur dont certaines pour des motifs similaires, Farid Taidi ne ressemble guère à l'agneau qui vient de naître. « Et alors ? On peut faire des erreurs et se rattraper ! Là, je suis venu à son secours, c'est un malentendu, c'est tout ! » répète le prévenu. Et Me Laura Campisano d'appuyer les protestations de son client : « C'est tout de même un monsieur qui, malgré son casier judiciaire chargé, n'a plus commis de délits depuis longtemps et qui travaille régulièrement. »
Six mois de prison ferme
Côté procureure, les dénégations du prévenu n'ont guère convaincu. La magistrate réclame deux ans de prison dont un avec sursis et mise à l'épreuve. Me Laura Campisano exige la relaxe : « Ce fut un vrai délinquant dans le passé et il se contenterait aujourd'hui de 6,50 euros ? Et il ne volerait pas, par exemple, la carte bleue de la victime ? On n'a pas identifié d'autres protagonistes et, comme on avait un Nord-Africain sous la main, ça devenait le coupable idéal. On ne peut pas condamner comme ça quelqu'un pour 6,50 euros d'ailleurs restitués. » La présidente Reliquet annoncera que les juges n'ont eu aucun doute : douze mois de prison dont six de sursis

http://www.nordeclair.fr/Actualite/Justice/2011/06/28/le-chevalier-n-etait-pas-blanc.shtml

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