mercredi 29 juin 2011

Un meurtre au bout de l'amitié

C'est triste, un procès pour meurtre sans partie civile. C'est triste et ça résume la lamentable vie de Francis Boulard, né en 1958, alcoolique, rejeté par sa famille après avoir violé une de ses filles, tué d'un coup de carabine le 25 février 2009, rue de Lisbonne à Amiens, par celui qui s'était mis en tête de lui porter secours. « Je faisais tout pour l'aider, pour qu'il s'en sorte », insiste Alain Michel, 41 ans.

L'accusation voit en eux des «copains de beuverie ». Michel préférerait donner l'image d'un bon Samaritain, lui qui a été abandonné deux fois, l'une par sa mère naturelle, l'autre par sa famille d'adoption ; lui qui affirme avoir été victime de maltraitance et même de sévices dans son enfance.

Il a connu Boulard dans un foyer et pour qu'il ne dorme pas dans la rue, il l'a accueilli, comme tant d'autres SDF, dans la bicoque de la rue de Lisbonne qu'il partage avec sa femme et sa petite fille. Entre eux a régné pendant des années une relation pathologique. «Ils ne pouvaient pas s'empêcher d'être ensemble », résume un policier.

Un motif futile


Le jour du drame, les deux hommes ont bu dès 9 heures du matin en compagnie de Louis, un autre paumé jadis condamné pour meurtre.

Alain Michel a entendu son chien couiner. Il a d'abord menacé sa petite fille d'une fessée avant que Boulard ne se dénonce : il avait marché sur la patte de Pupuce. Michel lui a donné une claque puis est retourné dans sa chambre. Boulard s'est moqué de son handicap (il peine à marcher).

Michel a sorti sa carabine 22 long rifle, armée, de sous son lit et a fait feu sur son copain qui avait commencé à descendre l'escalier. La balle est entrée sous l'omoplate gauche pour finir sa course à la clavicule droite. La mort est survenue en quelques minutes.

Ce fait est reconnu, tout comme est exclue la préméditation. La question est maintenant de savoir jusqu'à quel point Michel a voulu tuer Boulard. Lui dit avoir «tiré au hasard » et ajoute : «C'était mon seul moyen de défense ». Le président Grévin l'interrompt : «Mais de défense contre quoi ? Il vous tournait le dos ! »
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