samedi 16 juillet 2011

Assassinat d’Annie Toinon : les fils adoptifs croient en leur libération

Saint-Galmier. Une audience du tribunal va décider de la mise en liberté ou du maintien en détention des deux enfants de la victime, écroués pour homicide volontaire. L’assassinat a eu lieu il y a exactement un an.
Le sac à main n’a pas parlé ! Annick Corona, juge d’instruction, avait demandé que cet élément volé à Annie Toinon, le jour de son assassinat, soit examiné sous toutes les coutures par les techniciens de la gendarmerie. C’était la dernière investigation.
Elle a été longue et difficile, sur des papiers, sur des cuirs et des tissus qui sont restés au soleil et à la pluie, six mois durant.
Le sac retrouvé fin décembre aurait pu dénoncer un tiers, une nouvelle personne, dédouaner les enfants, un peu. Il aurait pu faire souffler un peu d’espoir en direction des prisons, où les fils adoptifs, Aurélien et Johan, continuent de crier leur innocence dans le vide.
« Les aveux sont des preuves parmi d’autres », expliquent avec pédagogie la juge d’instruction. « Le maintien en détention peut être justifié par la gravité des faits et aussi la nécessité d’éviter la concertation ». Les défenseurs ont fait deux demandes de remise en liberté, en première instance, et en appel. Chaque fois rejetées.
Nouvelle chance : la procédure impose, ce lundi, une audience devant le juge des libertés et de la détention.
M e Olivia Mavridorakis va plaider l’absence de preuves contre son client, Aurélien. M e Ludivine Buisson a déjà prévu de faire appel s’il était décidé le maintien en détention du cadet, Johan.
Le parquet aussi ferait certainement appel, lui, mais si le juge décidait de les remettre en liberté.
Depuis le départ de toute l’affaire, les deux frères sont défendus séparément.
Mais ils ont la même ligne de défense : ils nient les faits, ils répètent qu’ils n’étaient pas présents sur les lieux au moment du terrible forfait.
Qu’est-ce qui permet de les maintenir enfermés depuis près d’un an ? « C’est juridiquement clair », a accepté de répondre Mme Corona. « Il y a des indices graves et concordants ». Ils sont au secret de l’instruction. Il faut les chercher dans les emplois du temps, parmi aussi des indices matériels, voire des traces ADN.
Les traces ADN, quand on a affaire à une même fratrie, à des gens vivants ensemble ou se rendant régulièrement visite, sont bien plus difficiles à interpréter. Mais restent des traces.
Une vingtaine de personnes ont été entendues dans cette affaire. Et l’on a tout entendu, sur cette famille, ce couple d’agriculteurs de Saint-Galmier, qui a adopté quatre enfants, d’origine polonaise, trois frères et leur sœur.
Annie Toinon-Lassablière a été retrouvée il y a exactement un an, le crâne et la mâchoire fracassée, dans sa maison natale de la Vieillère. Elle vivait là avec son mari et son plus jeune fils.
Toute la famille a été mise en garde à vue le 27 juillet. Aurélien et Johan n’allaient plus ensuite recouvrer la liberté. Ils étaient écroués pour l’assassinat de leur mère adoptive.
>> Vous croyez à une remise en liberté ?
On attend l’audience pour savoir s’il y aura une prolongation ou pas. C’est une audience devant le juge des détentions, qui apprécie. On a fait une demande par le passé, et un premier appel. Sauf que là, c’est obligatoire de réexaminer le maintien en détention. Si la réponse est négative, on interjettera en appel.
Maintenant, il est difficile de dire si l’on sera entendu. Le dossier est tellement lourd, compliqué.
Pour moi, la remise en liberté se justifie. Maintenant, le principe de précaution risque d’être appliqué.
>>Dans quelles dispositions, dans quel état d’esprit est votre client ?
C’est difficile. La détention lui pèse. Ce n’est pas facile psychologiquement. Même s’il travaille avec moi à sa défense. Il reprend un peu le dessus, même s’il a eu une période où il était très abattu.
Difficile de prévoir la date du procès. Je ne pense pas que ça va durer très très longtemps. Mais en termes d’investigations, je ne pense pas qu’il y en a encore pour des mois et des mois.
>> Vous croyez à une remise en liberté ?
Les analyses ont été faites. Aucune n’a permis de désigner Aurélien.
Zéro analyse le désigne comme l’assassin de sa mère. Il a fait un an de détention et il nie.
On a été deux fois renvoyés dans les cordes parce qu’on nous expliquait qu’il y avait des investigations en cours.
J’espère cette fois-ci.
Et l’on va pouvoir plaider devant le juge, ce n’est pas comme pour les demandes précédentes, sur un rapport.
La justice doit prendre en compte l’absence de preuves.
On doit en savoir ces jours-ci un peu plus.
J’ose espérer une sensible évolution du dossier.
>>Dans quelles dispositions, dans quel état d’esprit est votre client ?
Il commence à péter les plombs en détention. Il ne parvient pas à comprendre qu’on le garde.
Pour lui, c’est incompréhensible.
Il a beaucoup d’espérance dans l’audience à venir.
http://www.leprogres.fr/loire/2011/07/15/assassinat-d-annie-toinon-les-fils-adoptifs-croient-en-leur-liberation

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