mercredi 31 août 2011

Il agressait les étudiants de la cité U : deux ans ferme

Je suis d’accord avec vous sur une chose pour déplorer le fait que vous êtes seul dans le box", lâche le président de la correctionnelle à ce Montpelliérain de 20 ans. Mettant ainsi terme à une instruction au cours de laquelle le jeune homme n’a cessé de nier : "C’est un fumeur de cannabis, il m’a invité chez lui" ; "il n’y a pas eu de violence.
Je lui avais prêté une somme d’argent qu’il ne m’a pas rendue !" ; "J’étais pas là mais à l’extérieur !" ; "j’ai pas participé !" Autant de dénégations mises à mal par le magistrat au sujet de ces neuf agressions, dont une majorité d’étudiants, perpétrées entre les mois de mai et décembre 2010.

Et le magistrat de reprendre l’intéressé : "Les onze contrats de téléphones mobiles, il a fait ça de son plein gré ?" ; "Pourquoi la victime parle d’une personne et pas de trois ?" ; "Que pensez-vous de ces déclarations ? C’est encore un malentendu ?"
Le prévenu à une victime : "Ferme ta gueule ou je te plante !"
Car c’est un fait : plusieurs des étudiants délestés d’objets personnels, de leur carte bancaire et le code allant avec ont formellement identifié le prévenu, dont un parmi les 496 photos de suspects que lui ont présentées les enquêteurs de la sûreté départementale.
Dans la majorité des cas, le prévenu s’introduisait dans les studios et chambres de ses victimes à la cité U de Boutonnet. Une fois dans la place, il les violentait (parfois) tout en les menaçant de mort, leurs proches y compris. L’un des étudiants se rappelant ces mots : "Ferme ta gueule ou je te plante", une lame de couteau sous la gorge. Reste ses éventuels complices. Lesquels auraient participé à certaines des attaques, ont été identifiés mais visiblement jamais inquiétés.
Le prévenu finissant par concéder : "Je regrette pour le tort que j’ai fait aux victimes. J’ai eu un coup de folie. Pour m’en sortir, j’avais pas le choix, j’ai fait des vols." Tentant ensuite de plaider sa cause envers et contre tout : "La prison, ça fait neuf mois que j’y suis. C’est comme si ça faisait cinq ans..."
Pas de quoi attendrir le représentant du parquet. Lequel relève "l’art du double langage" dont fait montre le jeune homme. Avant de requérir une peine de quatre ans d’emprisonnement, dont douze à quinze mois assortis d’un sursis et d’une mise à l’épreuve. Avec, on l’imagine, une nécessaire prise en charge médicale. Le psychiatre qui a examiné le prévenu évoquant "des troubles de la personnalité" et "une curabilité aléatoire".
"Vos explications sont à dormir debout !"

"Une fois encore, nous assistons à la grande comédie des innocents !" Dans le prétoire, Me Marcou, le conseil de cet étudiant en histoire, victime lui aussi du prévenu, éructe. Et enchaîne : "Lorsque l’on nie les évidences, on fatigue les gens. Mon client, vous le connaissez depuis la maternelle. Vous l’avez terrorisé ! Vos explications sont à dormir debout. Vous nous parlez d’un malentendu. Vous vous moquez de qui ? C’est un malentendu d’agresser les gens ?" Achevant sa plaidoirie en ironisant à l’endroit du garçon : "Je n’ai rien fait, vous êtes victime : constituez-vous partie civile !"
Prenant la suite du parquet, Me Stéphanie Cavanna démarre tout de go son propos par un tacle : "Je ne vais pas faire une plaidoirie en hurlant. Vous n’avez pas le pouvoir, Me Marcou, de lui dire ce que vous lui avez dit. Ce n’est pas une plaidoirie !" Haussement d’épaules et de sourcils de son contradicteur et renvoie d’ascenseur : "Reprenons, sinon je vais être obligé, Madame, d’être désagréable..."
Car pour la défense, c’est entendu, voilà un dossier truffé "d’incohérences. Seules trois des neufs victimes sont venues aux confrontations. Je le déplore. On veut tout reprocher à mon client dont les violences qu’il a toujours niées depuis le début". L’auxiliaire faisant référence aux complices présumés du jeune homme. Qui a, au final, été condamné à trois ans de prison, dont deux ferme.
http://www.midilibre.fr/2011/08/27/il-agressait-les-etudiants-de-la-cite-u-deux-ans-ferme,378046.php

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