Elle n’avait aucune chance d’en réchapper. Le 12 mai 2010, vers 2 heures du matin, Régine Pernelet, 46 ans, était morte d’une balle de 22 long rifle en pleine tête, alors qu’elle était allongée dans son lit. Un tir « à bout touchant appuyé », a précisé hier Jean Rochefort, l’expert en balistique.
Un meurtre ? Depuis le début, Pascal Pernelet, 46 ans, entretient la confusion.
Ils se seraient « chamaillés » à propos d’un SMS, il lui aurait dit « qu’elle mériterait une balle dans la tête », et elle aurait répondu : « T’es pas cap. » Dans le noir total, il aurait attrapé la carabine, l’aurait promené sur son corps, et le coup serait parti alors qu’il voulait retirer l’arme. « Je voulais pas la tuer. J’ai toujours pas compris. Mon cerveau n’a pas dit à mon doigt d’appuyer », s’est défendu, hier, l’accusé. Il a même évoqué une sorte de jeu de domination qui se déroulait parfois avant une relation sexuelle…
Mais là où lui voit « un accident », l’expert psychologue Colombani parle au mieux d’un « acte manqué », le désir inconscient de tuer chez cet homme « qui comme un enfant, ne maîtrise pas ses pulsions ».
L’accusation et les parties civiles, elles, pointent les failles dans le discours de Pascal Pernelet : cette jalousie, rapportée par tous les témoins, mais qu’il minimise, vis-à-vis d’un ancien collègue de travail de sa femme, l’auteur du fameux SMS. Et cette carabine saisie, selon lui, à tâtons, alors qu’elle était habituellement dans sa housse pleine de poussière derrière l’armoire et dont il aurait ignoré qu’elle comportait une sécurité. « Il refuse de dire toute la vérité », a conclu hier le gendarme expérimenté qui a mené l’enquête.
Le passage à l’acte gardera son mystère jusqu’au bout. Reste le contexte, pas vraiment favorable à l’accusé. Pascal Pernelet, c’est le grand costaud au grand cœur. Celui qui met l’ambiance, siffle au travail, va faire les courses du copain handicapé ou aide un autre à construire sa maison. Mais côté sombre, il y a le raciste qui boycotte le mariage de sa filleule « car c’est avec un Arabe ». L’impulsif surtout, qui « donne des coups de tête dans le mur » sous les yeux atterrés d’un ami ou tire sur une poubelle parce que des jeunes font du bruit. Avec cette fameuse carabine, non déclarée, toujours chargée et à portée de main dans la chambre, « pour se protéger des rôdeurs ». L’alcoolique enfin, qui refuse de s’assumer.
Régine, elle, s’était réfugiée depuis longtemps derrière la bouteille. Une femme en souffrance, passée à côté de sa vie rêvée. « Effacée derrière ce mari macho qui ne parlait que sexe et rabaissait les femmes », rapporte sa sœur à la barre. Un petit bout de femme qu’il appelait « la grosse ». Une mère aimante, une fille dévouée, qui faisait les yeux doux à un collègue de travail qui repoussait gentiment ses avances ; a-t-il témoigné hier à la barre. Elle l’appelait « poussin » et lui « poussine » à cause du gilet jaune porté au travail.
Pascal Pernelet était au courant. En 2006, il lui avait même adressé un SMS pour le narguer.
Le soir du 12 mai, c’est un autre texto, effacé par Régine Pernelet, qui aurait mis le feu aux poudres. Au bout d’une période où Pascal Pernelet paraissait triste, préoccupé, quittait brusquement son travail, multipliait les disputes, et confiait à ses amis sa saturation de l’alcoolisme de son épouse et ses envies fugaces de divorce.
Accident, meurtre ? De toute façon, « j’ai bien appuyé sur la gâchette », admet l’accusé dans son box. La cour rendra son verdict ce soir.
http://www.leprogres.fr/ain/2011/09/16/assises-le-mari-jaloux-aurait-tue-sa-femme-par-accident
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