Il est 15 h 30 hier lorsqu’il entre dans la salle d’audience. De larges cernes mangent le visage de ce quadragénaire vêtu d’un tee-shirt rouge et d’un pantalon noir. Yeux noirs, cheveux courts et barbiche entretenue, l’homme est costaud mais son regard affolé trahit les longues heures de garde à vue, le passage devant le procureur, le juge d’instruction et à présent Mme Mothe, juge des libertés et de la détention.
Le début d’un long parcours judiciaire qu’il ne maîtrise pas mais qui immanquablement le conduira d’ici de longs mois devant la cour d’assises. Car Ahmed Touhahria a été, en fin de matinée, mis en examen pour homicide volontaire avec la circonstance aggravante que la victime était son épouse. Il encourt donc la prison à perpétuité. Très vite celui qui a lardé de coups de couteaux Nabila au sous-sol de leur résidence de l’avenue de l’Europe se décrit comme « monstrueux ».
En vrac il évoque tout l’amour qu’il portait à celle qui voulait le quitter, à ses enfants mais « aussi ces milliers de questions qui me sont passées par la tête quand j’ai vu cette clef ». La clef. Elément central de ce déferlement de violence, de cette folie meurtrière. « Je commençais à me faire à l’idée du divorce mais là j’ai cru voir la clef de l’appartement d’un amant de ma femme ». Insistant sur la rapidité de la scène, l’homme a évoqué le démon qui l’a saisi sans occulter sa pleine responsabilité : « C’était diabolique dans ma tête ». Pour son avocat, Me Charles Savary, qui assure sa défense avec assiduité depuis la première heure de la garde à vue « mon client assume parfaitement sa responsabilité et la double tragédie d’avoir perdu celle qu’il aimait mais aussi pour un temps ses trois enfants. »
Sans surprise, Mme Baret, procureur de la république a demandé la mise en détention non seulement en raison du classique trouble à l’ordre public mais aussi « parce que ce dossier interpelle par la rage particulière qu’il faut pour infliger de tels coups » et que « bien des proches n’ont pas pu être sereinement entendus pour cerner le contexte de ce couple ». Un couple en pleine perdition comme l’a d’ailleurs reconnu du bout des lèvres Touaharia en confiant que ces derniers mois il avait dépensé plus de 2 400 euros en téléphonie pour trouver des réponses auprès de voyantes promettant des retours en affection. Dépenses inutiles et peine perdue pour celui qui avoue n’avoir dans sa vie que sa femme et ses enfants depuis la mort de ses parents. Un équilibre de vie qu’il a lui même rompu.
http://www.leprogres.fr/rhone/2011/09/19/lyon-8-e-le-meurtrier-de-son-epouse-se-voit-en-diable
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