jeudi 27 octobre 2011

Assises : à la croisée de deux malheurs

Il aura donc fallu aux jurés l'équivalent d'une journée de travail pour décider du sort des agresseurs de Jean-Christophe Mamèche, ce Marmandais écrasé sous un train en février 2009, après avoir été roué de coups. Plus de huit heures de délibéré pour infliger sept années de prison à Vivian Lacroix, six ans à Stéphane Labadie et Guillaume Neveu et pour acquitter David Bouyre, qui était poursuivi de non-assistance à personne en danger (notre édition de samedi). Des peines en deçà de celles requises par le ministère public. Le forcing des conseils des accusés a porté, si l'on excepte le cas de Neveu pour lequel son avocat avait plaidé l'acquittement.

« Sa sale tête n'en fait pas un accusé »

« Est-ce que c'est parce qu'il ne pleure pas qu'il est coupable ? interrogea Me Christian Blazy pour ce dernier. On lui a reproché sa première intervention quand il a déclaré d'entrée: non coupable. Et alors, s'il n'a pas frappé, il aurait dû se taire ? Pour le procès de sa vie, il n'aurait pas le droit de crier non coupable s'il ne l'est pas ? ». L'avocat bordelais disséqua des témoignages « qui varient » quant à la réalité du coup de pied qu'aurait porté Guillaume Neveu sur Jean-Christophe Mamèche et il rappela que le médecin légiste avait bien spécifié qu'il n'y avait pas de traces de coups sur le corps de la victime. « Il aurait donné un coup assez fort pour le faire tomber sur la voie et ça n'aurait pas laissé de traces ? Il y a un doute et ce doute est important ». Il termina : « Aux assises, c'est toujours la rencontre de deux malheurs. Jugez Guillaume Neveu comme vous aimeriez qu'on vous juge. Sa sale tête ne suffit pas à en faire un accusé. Ne vous y trompez pas, cet homme est un vrai misérable ».

« Ce sont toujours les femmes qui pleurent »

Avant lui, Me Louis Vivier revint longuement sur le contexte de l'agression et sur le parcours de vie de Vivian Lacroix, l'auteur principal pour lequel l'avocat général avait réclamé dix années de réclusion. Il est vrai que, reconnaissant entièrement et depuis le départ avoir frappé « une dizaine de fois » la victime au visage, Lacroix ne pouvait être défendu sur ce point.
L'avocat agenais s'attarda donc sur l'itinéraire d'un garçon fait de souffrances, prenant soin d'ajouter devant la mère de l'accusé, seule sur un banc au fond de la salle : « Ce sont toujours les femmes qui pleurent, mais ce sont toujours elles qui sont présentes, qui ne désarment pas ». Il parla d'un père absent, plongé dans la délinquance : « Quand le tuteur n'est pas droit, la tige ne l'est jamais ». Il évoqua ce « bagarreur de cour de récré qui est allé à l'école de l'alcool et du cannabis », d'un internement en psychiatrie dès l'âge de 15 ans et insista, pour « l'honneur de l'homme », non poursuivi pour non-assistance à personne en danger : « Il dit qu'il a essayé de sortir la victime et je crois qu'il l'a fait, car dans cette affaire il a toujours dit la vérité. Et s'il l'a fait, il a alors rebasculé de l'autre côté, du côté des hommes… »
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=assises&source=newssearch&cd=2&ved=0CDUQqQIwAQ&url=http%3A%2F%2Fwww.ladepeche.fr%2Farticle%2F2011%2F10%2F24%2F1199813-assises-a-la-croisee-de-deux-malheurs.html&ei=TYalTrnYDc6F-wbq9ZCjBQ&usg=AFQjCNHymANUejDU5dEf-32UeoYUxzi5mQ&sig2=iNul_H5HTzcOeSFI7HwqWA

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