Les plaintes sont plus nombreuses cette année et cette augmentation est plus flagrante encore dans le Soissonnais. Une histoire parmi d'autres, examinée, hier, par les juges du tribunal correctionnel.
UNE augmentation, encore une. Et quel prix à payer… depuis le début de l'année, les statistiques relatives aux violences conjugales ont nettement augmenté dans l'Aisne, avec 13 % de plaintes déposées de plus dans les brigades de gendarmerie et dans les commissariats. Sur le ressort du tribunal correctionnel de Soissons, cette augmentation est même plus forte et s'élève à 16,5 %. 92 procédures ont été enregistrées au premier semestre. Une affaire s'est encore ajoutée, hier. Cette fois, la victime n'a pas porté plainte et ne s'est pas constitué partie civile. Son conjoint, J.T., 26 ans, l'a violentée à deux reprises. Le 4 novembre et le 20 novembre. Le couple ne s'est formé qu'en avril. Les deux jeunes gens ne vivaient ensemble que depuis trois mois, à Villeneuve-Saint-Germain.
Se distraire
Lorsque la juge demande à J.T. s'il qualifierait cette relation de « tumultueuse », le jeune homme acquiesce aussitôt. « Je suis jaloux, oui », avoue-t-il aux magistrats. Jaloux et violent, donc.
Le 4 novembre, une dispute. La jeune femme reçoit des coups de poings aux côtes. Le médecin établit l'ITT (incapacité temporaire totale) à trois jours. Deux semaines plus tard, les violences s'aggravent. Le jeune homme, qui totalise sept années d'enfermement en prison pour quinze condamnations, veut se distraire et sortir avec des amis. Sa compagne s'y oppose. J.T. ne l'écoute pas et file à sa soirée. À 6 heures du matin, il découvre un SMS. Pour se venger, sa compagne l'avait insulté et avait lâché qu'elle irait rejoindre son ex-petit ami.
J.T. veut des explications. Les choses s'enveniment. « J'avais l'impression qu'elle continuait de me provoquer. J'aurais dû partir », reconnaît le prévenu. Claques, coups de poing, jet d'objets à la tête ont pourtant atteint la victime. La jeune femme blesse aussi son compagnon. Le médecin établit, pour elle, fois une ITT de sept jours.
« Il veut s'en sortir »
« Les blessures sont conséquentes. Ça aurait pu être extrêmement grave, observe la substitut du procureur Marion de La Lande d'Olce, il est toujours très poignant et très délicat quand, à la permanence, on est appelé pour violences conjugales. Délicat car ce n'est jamais blanc et noir. Dans votre cas, c'est je t'aime moi non plus. Mais la provocation n'est pas une raison. »
Pour le parquet, il y a « urgence et nécessité d'un suivi psychologique sérieux ». D'autant que l'expert psychiatre souligne dans son rapport que J.T. est impulsif et qu'il est « dangereux seulement lors des décompensations des troubles de la personnalité ».
Me Miel assure que son client a « changé depuis un an. Il a envie de s'en sortir. Il se lève à 4 heures du matin pour travailler ». L'avocat relève que J.T. est socialement intégré et demande « un aménagement de peine sous la forme d'un bracelet électronique ». Le jeune homme a été condamné à un an de prison dont trois mois avec sursis mise à l'épreuve. Il pourra solliciter cet aménagement de peine. Il a aussi l'interdiction d'entrer en contact avec la victime. À l'issue de l'audience pourtant, la jeune femme, inquiète de son sort, l'attendait dans la salle des pas perdus.http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/femmes-battues-chronique-de-la-violence-ordinaire
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