Lomalu Bimorzaev, un grand gaillard de 48 ans accusé du meurtre d'un compatriote russe en 2006, condamné à dix ans de réclusion criminelle par la cour d'assises des Ardennes en 2010, est rejugé en appel depuis hier par la cour d'assises de la Marne. Il encourt trente ans pour meurtre.
DEPUIS hier, dans un contexte difficile, l'accusé ne parlant pas bien le Français - les témoins non plus - la cour d'assises d'appel de la Marne est amenée à examiner dans quelles circonstances, Achmed Bisultanow, un ressortissant russe domicilié en Allemagne, a trouvé la mort à Charleville-Mézières le 24 juin 2006, poignardé à deux reprises à la poitrine.
Accusé du Meurtre de son compatriote, Lomalu Bimorzaev, un réfugié tchétchène installé à Charleville-Mézières avec sa femme et ses trois enfants depuis 2003, condamné à dix ans en 2010 en première instance, est arrivé libre hier après avoir fait une demande de remise en liberté pour raison de santé.
Une mise en liberté d'office, la chambre d'instruction n'ayant pas statué dans les délais. Comme à Charleville, il a nié les faits, revenant ainsi sur ses précédentes déclarations…
Alors qu'il avait reconnu au début de l'enquête avoir porté les deux coups de couteau - dans un contexte de légitimé défense - l'accusé, défendu par Me Blocquaux, est finalement revenu sur ses déclarations au cours de l'instruction, ne se rappelant plus les circonstances de la mort, puis affirmant qu'il y avait eu deux autres personnes impliquées, qu'il n'aurait pas porté les coups mortels. C'est la version qu'il a soutenue hier.
Il a ainsi assuré avoir été menacé par arme blanche. Il n'aurait fait que riposter. Il n'avait d'ailleurs pas de couteau ce jour-là. La lame qui a tué Achmed serait celle de la victime. Elle a été retrouvée dans les buissons non loin du drame.
Si du sang de la victime a bien été retrouvé sur la lame, aucune trace papillaire n'a en revanche été trouvée sur le manche. Ni celles de la victime, ni celles de l'accusé.
Hier, tour à tour, les témoins ont défilé à la barre. Tous ont évoqué le même conflit : un différend entre Lomalu et le fils d'une certaine Kourima. Ce 24 juin 2006 vers midi, Achmed Bisultanow, le cousin de Kourima, accompagné d'un autre compatriote, serait venu au domicile de Lomalu pour demander des explications.
Finalement les deux hommes auraient fini par en découdre sur le terrain de football de l'avenue Carnot à Charleville-Mézières. Et c'est là que les versions divergent.
Lomalu a indiqué avoir été menacé par Achmed. Ce dernier l'aurait saisi par le cou et l'aurait menacé avec un couteau. Lomalu n'aurait fait que se défendre… Achmed s'est s'effondré, blessé à la poitrine.
Un témoin capital absent
Lomalu aurait alors traîné la victime jusque sur le trottoir pour appeler les secours, avant de prendre la fuite. Il s'est constitué prisonnier le jour même du drame, au commissariat de Reims.
Une voisine témoin de la scène a indiqué avoir vu, de son balcon situé au 8e étage avec vue plongeante sur le terrain de foot, deux hommes se bousculer. Ils étaient seuls. Elle a vu le plus petit tomber, du sang sur sa chemise. Le plus grand l'a traîné sur le trottoir et a fait signe aux voitures de s'arrêter. C'est seulement après qu'il a pris la fuite. « Il ne voulait pas le tuer, je pense. Sinon, il n'aurait pas fait signe aux voitures. Il est parti quand il a vu la dame. »
Y avait-il d'autres personnes sur le terrain de football ? À qui appartenait le couteau ? À la victime ? À l'accusé ? C'est tout l'enjeu de ce procès, Lomalu Bimorzaev affirmant aujourd'hui qu'il y avait deux autres personnes dans cette affaire, la fameuse Kourima et cet autre Russe qu'il ne connaissait pas.
Il a indiqué avoir voulu fuir, mais avoir été rattrapé sur le terrain de football. Il a insisté surtout sur le fait qu'il n'avait pas de couteau sur lui. Sa femme a d'ailleurs confirmé ses dires.
Pour autant, entendue par la police, leur fille de 9 ans à l'époque, a dit qu'elle avait vu son père avec un couteau dans la poche ce jour-là… Hier, Mme Bimorzaev a assuré que leur fille était à l'école au moment des faits, et qu'elle n'a donc pu témoigner de ces faits.
Difficile de faire la part des choses, d'autant que sur les neuf témoins attendus, cinq manquaient à l'appel hier. Notamment l'homme qui accompagnait Achmed le jour du drame, un certain « Arbi ». Un témoin capital que l'on n'a pas retrouvé. Il était également absent lors du procès qui s'est tenu à Charleville-Mézières en 2010…
L'audience s'est achevée hier soir par l'étude de la personnalité de l'accusé, un réfugié russe qui a fui Grozny pendant la guerre. Un homme qui s'est dit marqué par les événements en Tchétchénie. Elle s'est poursuivie par la lecture du rapport de l'expert légiste.
Le procès reprendra lundi à 9 heures. La cour entendra alors les différents experts, psychiatre et psychologue, ainsi que les derniers témoins.http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/il-nie-avoir-porte-les-coups-de-couteau
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