dimanche 18 décembre 2011

Trop alcoolisé, ce soir-là, l’accusé ne se souvient pas avoir tué

Une trentaine de témoins et quatre experts au total. Les débats se sont allongés jusqu’à 21 h 30, hier soir, devant la cour d’assises. Il en sera ainsi jusqu’à jeudi, jour où les jurés doivent se prononcer sur la culpabilité, ou non, de Semir Bajric.
Depuis hier, l’homme de quarante ans, de nationalité bosniaque et naturalisé français en 1998, doit répondre de violences avec usage ou menace d’une arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Accusé d’être l’auteur d’un coup de couteau mortel, rue Pierret au Puy-en-Velay, il déclare ne pas se souvenir des événements de cette dramatique soirée du samedi 12 au dimanche 13 décembre 2009 sur la terrasse du bar de la Loire. « Je suis incapable de vous dire si cette accusation est juste ou fausse », déclare-t-il.
La première après-midi de débats a été l’occasion de se pencher sur sa personnalité. Né à Sanski-Most (nord-ouest de la Bosnie), de confession musulmane « sans être pratiquant », Semir Bajric parle de son père alcoolique et tyrannique, de la guerre, de l’occupation par l’armée serbe, des tortures dont il a été la victime. Sa voix se fait plus grave lorsqu’il confesse avoir dénoncé son frère résistant afin que les sévices de ses tortionnaires cessent. « Je l’ai dénoncé car je croyais qu’il était loin et qu’il ne craignait rien. Finalement, ils l’ont trouvé dans notre maison et assassiné. C’est moi qui ai découvert son corps. Même si ma famille ne me le reproche pas, je me sens coupable de sa mort. »
Autant de traumatismes qui se révèlent être la source d’un comportement que tout le monde connaît dans son entourage : une consommation excessive d’alcool. « C’est vrai qu’il m’arrivait de me réveiller le matin aux urgences de l’hôpital sans me rappeler ce que j’avais fait la veille », reconnaît celui qui se soumet volontiers au jeu des questions-réponse avec le président Christophe Ruin.
Au cours de cet interrogatoire de personnalité, Semir Bajric évoque également la détention dans les camps, les évasions, l’évacuation en France par la Croix Rouge en 1993, l’arrivée au Puy-en-Velay en 2006, les cauchemars, les conduites suicidaires, ainsi que les hospitalisations en milieu psychiatrique.
« On n’a pas de chance dans cette famille. Est-ce que Dieu existe ? Il faut qu’il arrête avec nous. Je sais que mon frère est quelqu’un de bien », lance le frère ainé de l’accusé.
http://www.leprogres.fr/haute-loire/2011/12/13/trop-alcoolise-ce-soir-la-l-accuse-ne-se-souvient-pas-avoir-tue

Aucun commentaire: