jeudi 26 janvier 2012

Double meurtre de Payrignac. Les terribles aveux d'une femme détruite

Le procès de Marie-Anne Lafosse a livré la vérité… toute la vérité sur le mode opératoire et les motivations de cette mère de famille désespérée qui a commis l'irréparable.
La question de la préméditation est désormais la principale interrogation du procès de Marie-Anne Lafosse décrite comme « une mère poule, une personne très aimante et protectrice ».
C'est en ces termes que le premier mari de cette femme accusée du meurtre de son deuxième époux, André, et de Denis son plus jeune fils, dépeint Marie-Anne Lafosse jugée depuis lundi par la cour d'assises de Cahors. Il a ensuite balayé d'une phrase les témoignages de la famille de l'accusée (la mère, le frère, les tantes).
Tous indiquaient, sans exception, avoir tout fait pour soutenir Marie-Anne qui s'enfonçait dans ce qu'elle a appelé elle-même son « enfer total ».
« Marie-Anne n'avait aucun soutien affectif de la part des membres de sa famille. Ils lui apportaient tout juste des aides financières, sans doute pour se donner bonne conscience. Avec André, elle n'avait aucune possibilité d'évolution. Tout le monde a parlé de précarité en ce qui les concernait. Moi je préfère parler de pauvreté », tranche l'ancien mari, sans amertume, mais avec le regret que son ex-épouse en soit arrivée là… au point de non retour. Un point douloureux. Mais un point clé du dossier. Celui qui nous ramène vers les faits et la question majeure de l'affaire : ce double assassinat était-il prémédité ?

« Je l'ai ratée, par bonheur »

Interrogée par Annie Cautres, présidente de la cour d'assises, Marie-Anne Lafosse décrit l'horrible vérité et le fond de la pensée qui l'a conduite au fond du gouffre. « J'ai voulu partir avec tout le monde, vers un monde meilleur. Ce n'était pas prémédité. Le 9 avril 2010, j'ai fait ce qui me passait par la tête et tout cela n'a rien donné de bon », se lamente-t-elle.
« Je suis descendue dans la cave pour chercher de la mort-aux-rats. J'ai trouvé un poison contre les corbeaux que j'ai mélangé à un plat de pâtes. André, Mélodie et Denis se sont attablés et en ont mangé. André a fini son plat et est allé faire une sieste. Denis et Mélodie y ont à peine touché. Ils sont sortis s'amuser dans le jardin », se souvient-elle. Marie-Anne ne capitule pas. Pour endormir Mélodie et Denis, elle utilise un somnifère qui a produit l'effet voulu.
« Les cachets ont rendu les enfants somnolents. J'ai allongé Denis à côté de son père que je venais de poignarder. Puis j'ai tué Denis. J'ai voulu faire pareil avec Mélodie, mais j'avais tellement de larmes qui coulaient que je l'ai ratée, par bonheur », confie l'accusée. « J'ai dit à Mélodie qu'on allait voyager au paradis tous les 4. J'ai ensuite essayé de me tailler les veines avec un autre couteau. Je ne me souviens de rien d'autre. Le lendemain, j'ai appris que Mélodie avait survécu », précise-t-elle avant de fondre en larmes.
Hier, après le témoignage poignant de ses enfants (lire ci-dessous), elle a eu la force de lancer un dernier cri. Le cri d'une mère : « ça fait 21 mois que je n'ai pas serré mes enfants dans mes bras, parce que j'ai commis un crime abominable ».

Les enfants ont ému la salle

Sous l'aile protectrice de Maître Cajarc Lagarrigue, Mélodie, 11 ans, s'avance doucement à la barre. Son témoignage, hier, a ému la salle.
« Maintenant, je suis la seule enfant de la maison. Je m'ennuie un peu plus. Avec maman c'était bien, j'étais contente. Je lui écris de temps en temps pour lui dire comment ça se passe à l'école, avec mes copines… mais on évite de parler du 9 avril, car ça, ce n'est pas gentil. Mais j'adore quand même ma maman. Plus tard, j'aimerais aider mon frère et ma maman aussi, si elle est encore là », a déclaré l'émouvante Mélodie à la présidente. Puis Rémy, 13 ans, a souhaité revenir sur quelques éléments majeurs du dossier.
« C'est exact que j'étais parfois enfermé dans le garage. La veille du drame, j'ai été frappé par mon père en effet, mais c'était une gifle comme les autres. Au début c'était un homme comme les autres, mais quand il a commencé à me frapper c'est devenu un monstre. Je tiens aussi à préciser que nous n'avions pas un fouet, mais un martinet. Quand je ramenais une note en dessous de la moyenne, une punition ou une observation j'étais privé de repas et frappé. Mais ce qui a été le plus douloureux pour moi, c'est d'apprendre que mon père ne me considérait pas comme son vrai fils. Ma mère n'a jamais levé la voix, ni la main sur moi. Elle a toujours été cool avec moi. Je ne souhaite pas la voir parce que je ne peux pas arriver à lui pardonner, pour le moment », a souligné Rémy dans un ton très intelligible, intelligent, avec un courage et une lucidité rares pour un enfant de 13 ans avec un tel vécu.
http://www.ladepeche.fr/article/2012/01/26/1270042-les-terribles-aveux-d-une-femme-detruite.html

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