mardi 21 février 2012

Haï, pour l'ensemble de son œuvre...

Martial Réveillon, l'homme que son fils a tenté de tuer, était jugé à Amiens hier. Il était cette fois prévenu de vols, recels, harcèlements et dégradations...

C'est fou ce qu'un avocat, ça vous change un homme... On avait laissé Martial Réveillon seul, provocateur et pour tout dire exaspérant, en mars 2011, devant les assises de la Somme.

Son fils y comparaissait pour avoir tenté de tuer son géniteur.

L'audience, surréaliste, avait tourné au réquisitoire contre la victime, homme violent capable de tortures sur ses enfants, à qui il déniait le droit de l'appeler «papa », imposant le doux sobriquet de «patron ».

«Un enfant de chœur »


On a retrouvé hier matin un Réveillon presque calme, couvé du coin de l'œil par Me Hubert Delarue.

«Un enfant de chœur », ironise M e Clarisse de Saint-Amour, représentante d'une des nombreuses parties civiles.

Pourtant, quand on chercha à tuer l'agriculteur et entrepreneur de travaux publics d'Authieule, dans le canton de Doullens, les gendarmes purent établir en 24 heures une liste de... cinquante suspects potentiels, dont sa famille, son village et l'extrême majorité de ses collègues.

«Si je suis là, c'est à cause de la balle », analyse cet homme massif de 55 ans. C'est vrai : la tentative d'assassinat, le 26 décembre 2006, a réactivé les ardeurs de la gendarmerie et du parquet, saisis de dizaines de plaintes.

Me Delarue dénonce une «chasse aux sorcières ». Il souligne que certaines procédures frappées d'un non lieu ont connu une seconde vie début 2007.

Que trouve-t-on dans le pêle-mêle de la prévention ? Des faits allant de 2002 à 2006, des vols de matériel sur des chantiers, des recels, des faux en écriture, un incendie de maison, des dégradations de biens, du harcèlement téléphonique... En tout, onze accusations !

L'apogée se situe en août 2006, dans le canton de Oisemont, quand Réveillon aurait poursuivi de ses assiduités son ex-concubine, s'en prenant à son nouveau compagnon et à ceux qui travaillaient avec eux. «Il la battait, a tenté de l'enlever, fut odieux avec ses enfants mais il ne supportait pas qu'elle refasse sa vie », analyse Me Debruyne.

Une caution de 100 000 €


À Saint-Maulvis et Epaumesnil, l'ambiance était à ce point délétère qu'un fermier s'était fait justice à coups de fusil de chasse. À la même époque, deux témoins attestent que Martial Réveillon s'est fait retirer un plomb dans la joue par le fils de sa maîtresse d'alors, infirmier des armées. Il leur avait expliqué refuser de se rendre à l'hôpital

«pour ne pas tomber sur les flics ». «C'était rien », dit-il maintenant.

En 2007, il a purgé 97 jours de détention provisoire à Arras. Il en est sorti contre une caution de 100 000 €. Hier, le procureur Naïma Ben Ahmed a requis 12 mois de prison dont six ferme. Le jugement sera rendu le 15 mai.

http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Hai-pour-l-ensemble-de-son-aeuvre

Aucun commentaire: