mardi 28 février 2012

Il tabasse son fils, elle monte le son

Il manquait visiblement un prévenu à l’audience de comparution immédiate d’hier. Raison pour laquelle le juge Kato a invité le parquet à se saisir et à engager des poursuites contre la mère de cet adolescent de 14 ans qui devrait sortir aujourd’hui de l’hôpital de Vesoul. Mais pour aller où ?
Vendredi vers 20 h 30, les gendarmes de la brigade de Lure récupèrent un enfant dans les rues de la cité du sapeur. Il est sous le choc et se plaint de douleurs à la cage thoracique. Dirigé sur l’hôpital de Lure, il est très vite orienté sur le CHI de Vesoul qui diagnostiquera cinq côtes cassées, des traces de strangulation et de méchantes empreintes dentaires sur le nez. Rien d’autre que les mâchoires de son beau-père qui l’a passé à tabac peu avant.
Hier, c’est devant une juridiction d’exception, la comparution immédiate, que cet homme de 39 ans employé dans une usine de ressorts comparaissait. « Un peu plus et c’était des procédures criminelles », l’aide à la mise en perspective le juge Kato. De la dispute au moment du repas de cette famille recomposée, la colère du beau-père éclate. « Je l’ai mis par-dessus la table, la table a valdingué et il est monté dans sa chambre. À l’étage, je lui ai demandé de redescendre, et ça a continué… » Un bel euphémisme.
Tandis que le beau-père tabasse l’ado de 14 ans, la mère monte le son de la télé : « Je ne supporte pas d’entendre le môme gueuler » dira-t-elle aux enquêteurs. Façon d’éluder le problème et ses obligations de protection.
Pendant ce temps, Kévin* est étranglé. Les bras en croix, son beau-père lui mord le nez, « presqu’au point de l’arracher », détaille le juge. Et cinq côtes seront cassées, « à l’occasion de trois coups de poing dans le ventre ». Kévin parvient à s’échapper et à sauver sa peau, aidé peut-être par l’imprégnation alcoolique de son beau-père, qui ne boit plus « depuis deux ans et demi ». Sûrement pour cette sobriété qu’il a provoqué un accident à Port-sur-Saône tandis qu’il espère s’échapper dans sa famille. C’est aussi pour cela qu’il est contrôlé à 1,68 g d’alcool par litre de sang. « J’avais chargé au pastis tout l’après-midi ».
La raison de tant de violence ? Une casquette que le père de Kévin lui a envoyée en août. « Depuis, il l’a placé sur un piédestal » estime le prévenu. « Il ne nous parle plus, ne répond plus ». Pas une raison, pour Me Bertholde, « d’être rabaissé pire qu’une merde […] et de lui mettre une ronflée comme on dit en Haute-Saône ». Hier, pour assurer les intérêts du jeune garçon hospitalisé, le parquet avait désigné un administrateur ad hoc, l’Udaf. Pour répondre à la violence, le tribunal a prononcé un an de prison ferme au beau-père qui est parti illico en prison. Reste un garçon de 14 ans dont la mère ne s’inquiète pas, « et qui n’a même pas pris la peine de l’appeler à l’hôpital », confiera l’administratrice de l’Udaf.

*Le prénom a été modifié pour préserver la jeune victime et le nom de son agresseur tu pour les mêmes raisons.

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