mardi 28 février 2012

Un père accusé de viols par deux de ses filles

Au premier jour de son procès, qui doit s'achever demain, E.A., 53 ans, accusé du viol de deux de ses filles, a donné l'impression de trop parler, de se contredire, voire de trahir la vérité.
Ses tout premiers mots, dans le box des accusés, ont été pour réclamer qu'on « (l)'écoute de manière honnête et sans parti pris ». Et qu'on le laisse dire « sa vérité ». Mais, très vite, E.A (1) s'est embourbé dans ses contradictions, s'est noyé dans des détails, voire a donné l'impression de trahir, justement, la vérité. Sur des broutilles, tout d'abord : la profession de son père en Espagne, qu'il propulse « salarié de la briqueterie familiale », alors qu'il était simple ouvrier agricole ; sur ses propres résultats scolaires, lui qui a quitté l'école sans aucun diplôme… Ou, plus grave, sur les raisons qui ont poussé sa femme à demander le divorce : « Ce n'est pas qu'on ne s'entendait pas, prétend E.A. Mais notre couple était usé par le temps et les difficultés financières ». Pas un mot sur ses accès de violence, sur son penchant pour l'alcool, sur son caractère explosif, sur son goût pour les jeux d'argent, pourtant épinglés, dans leurs témoignages, par ses propres frères et sœurs. E.A réagit : « Ils mentent. Je regrette qu'ils ne soient pas là pour me dire ça en face ». Visiblement agacée, la présidente de la cour d'assises, Corinne Chassagne, lui rappelle qu'il aurait pu les faire citer devant la cour.

En slip, dans le lit de sa fille

Et quand on l'interroge sur la raison qui l'a poussé à se glisser dans le lit de sa fille de douze ans, E.A. livre cette réponse hallucinante : « J'étais venu lui dire que je ne pourrais pas me rendre à Toulouse pour lui acheter sa chambre. Je me suis juste allongé à côté d'elle ». Et la présidente de la cour d'assises de poursuivre l'interrogatoire : « Donc, vous vous couchez à côté de votre fille, en slip, à minuit passé, pour lui parler d'ameublement » ? Dans la salle de la cour d'assises, certains ont alors un haut-le-cœur.
Ce soir-là, en tout cas, la jeune fille aura le courage d'appeler au secours, après s'être réfugiée dans la salle de bain. Aux enquêteurs, le soir même, elle expliquera qu'elle avait subi un viol deux ans plus tôt, de la part de son père. On retrouvera des traces de sang sur le matelas, qu'E.A. avait pris soin de retourner.
Et sa grande sœur, à son tour, se décide alors à faire des confidences aux enquêteurs. La jeune femme expliquera avoir subi des attouchements dès l'âge de sept ans, puis des viols réguliers jusqu'à sa majorité. Et elle sera même obligée d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse, alors qu'elle était encore mineure. Face aux accusations de ses filles, E.A., encore une fois, livre une vérité à géométrie variable. « Pour l'aînée, c'est vrai, mais elle était déjà majeure. C'était consenti », explique E.A. Et pour la cadette, « je ne me souviens pas. J'ai quelques flashs, mais rien de plus ». La salle d'audience, une seconde fois, est traversée d'une soudaine nausée.
La loi interdit de donner toute information susceptible de permettre d'identifier la victime mineure d'une infraction pénale. Elle ne permet donc pas de livrer le nom de l'accusé dans cette affaire.
http://www.ladepeche.fr/article/2012/02/28/1293762-foix-un-pere-accuse-de-viols-par-deux-de-ses-filles.html

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