mercredi 29 février 2012

Violenté et humilié: le calvaire d'un restaurateur cannois

Enlevée et maltraitée par deux individus, la victime avait cru sa dernière heure venue. Jeudi, le tribunal correctionnel de Grasse a condamné l’un des agresseurs à deux ans de prison
Menacé avec un Taser, embarqué de force pour une « balade » nocturne en voiture de Cannes à San Remo, le gérant d'une brasserie cannoise du Suquet a cru sa dernière heure arrivée.
Le 4 mars 2011 à 3 heures du matin sur le stade désert de la petite station balnéaire frontalière, « il a fait un signe de croix et pensé aux membres de sa famille », raconte Me Ludmilla Heuvin, son avocate.
Son agresseur, un Boccasien de 20 ans, poursuivi pour enlèvement, séquestration, vol et violences en réunion, a été condamné, hier, à 2 ans de prison par le tribunal correctionnel de Grasse, présidé par Marc Joando.
Ce soir-là, alors que Fabrice(1)ferme son établissement, deux individus l'interpellent.
« On voulait avoir une discussion à propos d'une fille »,explique depuis le box Younes Al Halli, un jeune homme à la carrure athlétique.
« Pour cette « discussion », il arrive tout de même armé et accompagné », relève la procureure adjointe Muriel Fusina.
Younes et le mineur qui l'accompagne lui intiment l'ordre de prendre le volant de sa BMW et prennent place à l'intérieur. Ensemble, ils quittent Cannes pour une destination indéterminée. Fabrice est terrorisé. À l'observatoire de Nice où ils font une halte, le jeune homme de 19 ans essaie de s'enfuir, mais est vite rattrapé par le mineur et prend quelques gifles. Retour dans la voiture. Younes commence à jouer du Taser « pour l'effrayer ».
Nouvelle halte à San Remo. Sur le stade de football, ils forcent Fabrice à se mettre nu et le prennent en photo avec un smartphone, le menaçant de la diffuser.
Puis ils découvrent que le restaurateur portait, cachée dans son pantalon, la recette de son établissement. 7 000 euros dans une pochette en plastique dont ils s'emparent.
Alors que le jeune homme pensait ne plus jamais revoir sa famille, mystérieusement, ses agresseurs décident de rentrer à Cannes.
« Je voulais lui faire peur, lui mettre la pression pour venger Manon », reconnaît encore Younes, persuadé que Fabrice faisait courir des rumeurs sur son ex-petite amie. En 2008 déjà, le Boccassien, jaloux, avait blessé à coups de couteau, un jeune homme qui avait eu le malheur de tourner autour de l'adolescente. Violences qui lui avaient valu une première condamnation.
Aujourd'hui, le restaurateur, absent à l'audience « par peur de représailles », reste, un an après les faits, encore traumatisé a rapporté son père. « J'ai été bête. J'ai pas réfléchi. Aujourd'hui, je ferais tout pour me racheter », promet le prévenu.
« Dans cette affaire, rien de crapuleux. Il a eu un comportement irrationnel »,plaide en défense Me Stéphane Choukroun.
Son client a été condamné conformément aux réquisitions du parquet. Le mineur sera jugé ultérieurement par le tribunal pour enfants.
1. Le prénom a été modifié.

Aucun commentaire: