« J’ai l’alcool mauvais », balbutie le prévenu, d’une voix aussi inaudible que ses coups peuvent être sourds. « C’est plus fort que moi », ajoute-t-il. Le président Troilo le reprend de volée : « C’est peut-être aussi parce qu’elle est moins forte que vous ». La frêle silhouette de l’épouse, emmitouflée dans son manteau crème et son foulard assorti, en témoigne. L’épouse, arrivée en France en décembre 2009, qui s’exprime mal en français, dit vivre ce calvaire depuis le début de la relation. Régulièrement. Même si l’épisode de samedi dépasse tous les autres sur l’échelle des misères.
« Ce n’est pas un chien, c’est votre femme ! »
Après les coups sur tout le corps, les crachats au visage, les insultes, le mari a serré le cou. « J’ai vu la mort arriver… », confie la jeune femme aux gendarmes qui viennent miraculeusement la délivrer à l’issue de cette ultime scène. Le drame était proche. « J’ai eu l’impression d’avoir affaire à un monstre », rapporte la dame qui, à la barre, nuance le propos et dit que son mari est « gentil quand il ne boit pas ».« Ce n’est pas un chien, c’est votre femme ! Et même un chien, on ne le traiterait pas comme ça », fulmine et fustige Alain Troilo qui fait remarquer au Bethoncourt qu’il se trouve en état de récidive légale tant pour les violences sur son épouse que celles sur son enfant et que sa fille « risque d’avoir quelques années de plus quand vous sortirez de prison. On ne va quand même pas attendre que vous massacriez votre femme… ».
Le procureur Pascal entame son réquisitoire en insistant sur le calvaire de l’épouse et s’inquiète pour le devenir de l’enfant qui évolue dans un climat cataclysmique mâtiné de cris et de coups. « C’est affligeant ! », dit-il. Pour autant, et contrairement au prévenu, le ministère public a choisi de ne pas frapper fort : « Un an de prison dont huit mois avec sursis » assortis d’obligations de soins.
Une aubaine pour M e Roma, l’avocate de la défense. Elle cherche même à s’infiltrer dans la brèche entrouverte en réclamant une sanction qui n’enverrait pas son client derrière les barreaux. « Il veut pouvoir subvenir aux besoins de sa femme et son enfant. Il travaille… » Elle préconise une mesure d’éloignement et signale que le coup porté sur l’enfant était « malencontreux » et pas volontaire.
Le tribunal a longuement délibéré avant de se prononcer : trois ans de prison dont un ferme et maintien en détention. « Et on a beaucoup réfléchi sur une peine encore plus lourde », confie le président pour bien faire entendre à Mounir Zini l’étendue du désastre. L’épouse l’a dit. Elle ne veut plus vivre avec ce mari violent qui la tyrannise. Elle a désormais quelques mois devant elle pour entamer les démarches en ce sens.
http://www.estrepublicain.fr/justice/2012/02/23/j-ai-vu-la-mort-arriver
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