mercredi 28 mars 2012

Les tourments judiciaires des familles de Barresi

Carole Costaglioti avait 14 ans lorsque, sur la plage des Catalans, elle a rencontré Bernard Barresi. À 20 ans, ils se marient. À 21 ans, ils divorcent puis, raconte-t-elle aux jurés alsaciens, ils se sont aimés et ont eu trois enfants. Tout en noir, "l'ex-épouse" défend le "bon père" qu'a été celui qui, aux yeux des juges, est aussi un homme influent du milieu marseillais. En 1991, un an après le braquage d'un fourgon à Mulhouse, vidé de 33 millions de francs, Carole Costaglioti est arrêtée, incarcérée durant quatre mois et acquittée en 1994. Neuf mois après ce hold-up, elle a acquis une maison à Calenzana, en Corse, pour moitié réglée en liquide. Trois cent mille francs venus du hold-up en Alsace, selon l'accusation. "Ce n'est pas M. Barresi qui m'a donné l'argent mais mon père." Employé municipal marseillais et gérant d'un bar, M. Costaglioti aurait gâté sa "fille préférée" avec le gain de ses machines à sous. Carole Costaglioti avait expliqué qu'elle enterrait ces sommes dans ses jardins. "J'ai dit n'importe quoi pour pas qu'on me le prenne." Elle veut convaincre, qu'avant le braquage, ses comptes étaient déjà alimentés par des dépôts en liquide.
L'audience s'enflamme lorsque "l'ex-épouse" dénonce sa mise en examen, l'an dernier, pour blanchiment en bande organisée par le juge d'instruction marseillais Charles Duchaine qui a saisi la maison de Calenzana. "Je croyais que c'était terminé avec mon acquittement et ça continue. M. Duchaine m'a dit : 'Si votre ex-mari est acquitté à Colmar, je classe l'affaire. S'il est condamné, je vous mets en prison.' Ça va s'arrêter quand ?" De quoi faire bondir Me Eric Dupond-Moretti : "Comment on peut être acquittée pour un recel et mise en examen pour blanchiment sauf pour préparer un costume de bagnard à Bernard Barresi." Un échange vif à l'image d'une défense qui n'a de cesse de maudire l'enquête de 1990. "Une enquête de cochon", aux yeux de Bernard Barresi
Les B. forment une honnête famille alsacienne : le père, Roger, ancien cadre au journal L'Alsace, la fille Florence assistante maternelle et le gendre Christophe, manager d'un restaurant. Le braquage du 1er mars 1990 les a plongés dans un cauchemar policier, une tourmente judiciaire. Dix-huit ans après leur acquittement, la branche familiale alsacienne de Bernard Barresi est à nouveau aux assises. Des témoins en colère qui stigmatisent les méthodes policières utilisées pour leur faire dire que Bernard Barresi avait caché chez eux le butin. Et ils l'avaient dit. "Tout est faux !" corrigent-ils aujourd'hui confrontés à leurs dépositions d'il y a 21 ans.
"J'étais prêt à signer que j'avais arrêté le fourgon sur l'autoroute avec une mitraillette", explique Christophe le gendre. Le patron de l'enquête, chaque fois qu'il allait dans son restaurant, lui lâchait : "Alors, prêt pour vingt ans (de prison) ?" Florence parle de coups d'annuaire, de "sale pute et salope" entendus cent fois. "On a décrit mon cousin comme le plus grand des criminels, ce n'était pas le cas. Mais je leur ai dit d'écrire ce qu'ils voulaient." Autres temps judiciaires que pilonne la défense. Si Roger, 74 ans, considère que ce traitement policier a été "brutal", pire que sa guerre d'Algérie, cet homme en colère, vingt ans plus tard, ne retire pas tout ce qu'il avait dit. Il continue à parler du "débarquement d'au moins quatre hommes en passe-montagne" venus récupérer chez lui les sacs laissés par Bernard Barresi dans son grenier le jour du braquage. Dedans, au choix : du linge ou des billets.
http://www.laprovence.com/article/a-la-une/les-tourments-judiciaires-des-familles-de-barresi

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