Deux anciens salariés ont-ils volé des formules aromatiques à leur employeur pour les transmettre à une société concurrente ? Le tribunal correctionnel de Grasse devant lequel un Valbonnais de 63 ans et un Grassois de 68 ans ont comparu jeudi, rendra son délibéré le 13 juin prochain.
En 2006, Ipra, société mouansoise spécialisée dans la recherche et la commercialisation d’arômes alimentaires, dépose plainte avec constitution de partie civile. Elle soupçonne son directeur commercial et un de ses aromaticiens de faire sortir de la société des formules confidentielles pour les vendre à un concurrent.
Dans l’ordinateur personnel de l’aromaticien, saisi à son domicile de Grasse, les enquêteurs découvrent une dizaine de formules d’arômes. Pomme, tutti frutti, lait concentré, fruits rouges, cacao, mangue, whisky, vodka, fraise… identiques à celles créées par lui ou d’autres aromaticiens pour Ipra.
« Je les ai mémorisées »
« Avez-vous recopiées et envoyées ces formules à Couleurs d’Arômes, une société concurrente? », l’interroge la présidente Sandrine Lefèbvre.
« Je les ai mémorisées, puis je les ai mises dans mon ordinateur, mais pas envoyées », assure à la barre ce Grassois de 68 ans. Lors de l’enquête, il avait pourtant reconnu avoir agi à la demande du directeur commercial.
Le Valbonnais est un ami de la gérante de Couleurs d’Arômes qui vient de créer son entreprise. En 2006, il lui fournit la formule du cœur* de l’arôme fruits rouges que la société concurrente vend 7000 euros à un client égyptien. « Ipra ne voulait pas la lui vendre. J’allais perdre un client que je connais depuis 1982 », assure le prévenu qui explique avoir rendu service à son employeur, en sauvant un client, à l’Egyptien et à Couleurs d’Arômes, « un confrère », précise l’ex-directeur commercial. « C’était à moi d’en décider, intervient le p.-d.g. d’Ipra qui explique son refus : le client nous devait de l’argent ».
« À deux ans de la retraite, il préparait sa reconversion au sein d’une société toute neuve », analyse le procureur adjoint Jean-Louis Moreau qui réclame des peines de prison avec sursis. « Pas volé ni recopié mais mémorisé… on joue sur les mots! », déplore pour la partie civile Me Mathurin Lauze qui demande près de 600000 euros de dommages et intérêts.
« Peut-on voler une chose qui n’est pas appropriable? » Aucun brevet n’a été déposé. « Ipra a-t-elle été dépossédée des formules? »
« Non », intervient Me Xavier Lecerf qui plaide la relaxe. « Il ne faut pas confondre un arôme, une formule et un produit qu’on vend. Il n’y a pas de droit privatif sur une formule », ajoute Me Sylvie Trastour. Le tribunal partagera-t-il cet avis ? Réponse le 13 juin.
*Cœur : arôme de base, sans les solvants.
http://www.nicematin.com/faits-divers/deux-salaries-accuses-d%E2%80%99avoir-vendu-des-formules-aromatiques-secretes-a-grasse.830888.html
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