vendredi 27 avril 2012

Le videur menacé avait pris les armes

Un videur de boîtes de nuit condamné, hier, à six mois de prison pour détention d'un fusil à pompe. Une arme qu'il avait récupérée pour répliquer à une agression.
Portier de nuit expérimenté mais aussi redouté, Chérif s'est attiré pas mal d'inimitié au fil des nuits. « À force, je me sens menacé. Quand on est videur on est souvent la cible de violence », explique ce solide boxeur de 23 ans. Carrure d'athlète et pull près du corps, cet homme s'est présenté hier devant le tribunal correctionnel pour s'expliquer sur la détention d'un fusil à pompe dont il s'est curieusement débarrassé le 25 mars, dans le quartier Bagatelle, alors qu'il était poursuivi par des policiers. Cette nuit-là, trois coups de feu retentissent, chemin de Bagatelle. « Ils m'ont tiré dessus, j'ai eu peur et j'ai réussi à fuir », raconte Chérif. Vers 3 heures du matin, il est la cible d'individus armés. Au même moment, un automobiliste vole à son secours. Chérif monte dans le véhicule, une Peugeot 106, côté passager et récupère un fusil à pompe chargé, planqué dans un local à poubelle. Lorsque les policiers prennent en chasse la voiture, Chérif se débarrasse de l'arme. Il est repéré par les fonctionnaires et aussitôt interpellé. Lors des perquisitions, les policiers retrouvent un pistolet 6.35 dans le coffre de sa voiture, chez sa grand-mère. « Cette arme ne marchait pas », dit-il. Mais le monde des cités vit des histoires dont la logique échappe parfois à la justice. « Ainsi vous vous promenez à 3 heures du matin, à Bagatelle. Des hommes vous tirent dessus sans vous toucher. Comme par magie, une voiture s'arrête, le conducteur vous fait monter et, cerise sur le gâteau, il a le visage entièrement dissimulé… » Pas dupe, le procureur Boyer requiert dix-huit mois de prison et la confiscation des armes. Déjà condamné pour violence, Chérif se dit victime de règlement de comptes. Pas totalement faux. « Un dossier est ouvert à l'instruction pour des faits similaires de violence dont il est victime », argue pour sa défense, Me Parra Bruguière, satisfait du résultat : Chérif est condamné à six mois ferme. Avec l'espoir que les esprits s'apaisent.

http://www.ladepeche.fr/article/2012/04/24/1337886-le-videur-menace-avait-pris-les-armes.html

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