jeudi 24 mai 2012

5 h 10 du matin, le téléphone de Clélia « change d'état ». Est-elle encore en vie ?

Elle s'appelle Priscilla et elle a 24 ans. Comme Julien. À l'époque des faits, elleen avait donc 20 et elle venait de tomber amoureuse de lui. Comme Clélia avant elle. Mais elle pensait que cette histoire-là était terminée, que Julien était tout à elle et le soir des faits, quand elle est sortie de boîte de nuit et qu'elle a cru voir la voiture de son amoureux avec la belle Clélia, elle a vu rouge. Elle a envoyé à sa rivale un texto qui déclenchera une scène.

Car elle a vu juste, Priscilla. Julien est bien avec Clélia, il va la ramener chez elle. Mais ses messages, ses coups de fil ne recevront aucune réponse, d'abord. « Puis il a répondu, mais par texto, pour me dire qu'il était seul. Je me suis dit qu'il mentait... » C'est une jeune femme solidement campée sur ses deux jambes, pleine du charme des femmes enceintes, ce qu'elle porte avec une apparente sérénité.

Deux messages effacés

Elle parle d'une relation amoureuse d'adolescents, dit qu'elle a beaucoup insisté, cette nuit-là, pour joindre Julien, mais aussi Clélia. Qui n'a jamais répondu. Le jeune homme, lui, finit par l'appeler. Il est 5 h 07 et son téléphone active une borne à Sainghin-en-Weppes, ce qu'il confirme. « Je m'étais arrêté et sorti de la voiture pour appeler. » Et Clélia serait restée dans la voiture, sans sortir... C'est au cours de cette conversation qu'il propose à Priscilla d'appeler Clélia, si elle ne le croit pas. Et Priscilla, qui a deux téléphones, appelle. Deux fois. « La première fois, j'entends la sonnerie la seconde, j'ai tout de suite la messagerie. » Un expert vient dire à la barre que le téléphone de Clélia a bien « borné » dans cette zone, alors, mais qu'entre les deux coups de fil, il a « changé d'état ». Donc quelqu'un l'a vraisemblablement coupé.
La présidente Sophie Degouys veut savoir qui a fait cela, évidemment. Julien jure qu'il n'y est pour rien. À 5 h 11, il raccroche, c'est sûr, Priscilla lui a dit qu'ils se verront le lendemain, apparemment rassurée. Mais à bien y regarder, ensuite, les experts trouveront trace de deux messages effacés, sur le portable de Priscilla. L'un avant leur conversation, l'autre après. Deux messages de Julien. « Pourquoi avoir effacé ces deux-là et seulement ces deux-là ?... », demande Sophie Degouys. C'est là que la jeune femme épanouie perd contenance. C'est là que les larmes arrivent, que les silences, dans la salle d'audience, deviennent lourds, presque inquiétants.
Entre ses sanglots, elle réussit à dire que l'un de ces messages de Julien dit : « J'ai besoin de toi, ne me laisse pas tomber »... Mais l'autre ? « Je ne sais plus... Je ne sais plus... » Blandine Lejeune, l'avocate des parents de Clélia, vient avec sa voix des mauvais jours : « Vous savez ce qu'est un faux témoignage ?... » Puis Luc Frémiot, l'avocat général : « Vous avez peur de parler, parce qu'il y a du monde dans la salle ?... » Non. Non, rien de tout cela, dit-elle.
Elle pleure, c'est tout. Éric Dupond-Moretti, l'avocat de Julien, vient à son tour : « Vous croyez qu'il peut avoir fait ce qu'on lui reproche ? » Elle acquiesce. « Rassurez-moi, vous ne protégeriez pas un meurtrier ? S'il vous avait avoué quelque chose, vous nous le diriez ?... » Elle souffle que oui, c'est sûr. Et on la laisse tranquille
http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2012/05/24/article_-5-h-10-du-matin-le-telephone-de-clelia-c.shtml

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