mardi 29 mai 2012

Le livre de l'aide-soignant de la maison de retraite dérange la hiérarchie

Dans un livre, un aide soignant décrit le côté obscur de la maison de retraite de l'hôpital de Clermont dans l'Oise. Trois anciens collègues l'ont attaqué en diffamation.

L'aide soignant en a trop dit. Trop et calomnieux, selon ses trois anciens supérieurs de l'hôpital de Clermont, qui ont attaqué Christophe Langelez pour diffamation et injures à la suite de la publication de son livre. En août 2011, l'aide-soignant fait publier par l'intermédiaire d'une petite maison d'édition nîmoise M.D. R. Le treizième mois, chroniques de la maltraitance ordinaire, écrit sous le pseudonyme de Chris Lange.

Un livre qui dérange puisque l'auteur prend «un ton sarcastique» pour dénoncer la maltraitance des personnes âgées au sein de la maison de retraite de l'hôpital de Clermont, dont il a été le témoin en tant qu'aide-soignant. «La loi du silence fait qu'aucun de ses actes n'est dénoncé. C'est le système que je dénonce, non pas des personnes», se défend-t-il. Sauf que deux mois et demi après la parution de l'ouvrage, une fonctionnaire hospitalière, une cadre de santé et l'ancien directeur de l'établissement se sont reconnus dans les descriptions physiques, les injures et les noms des personnages.

Hier, ces derniers ont donc saisi la justice pour qu'elle juge de la diffamation et des injures dans le livre. De lourds dommages et intérêts - en tout près de 50000 euros-ont été réclamés. Le délibéré est attendu le 25 septembre prochain. «Je me suis inspiré de ce que j'avais vu autour de moi mais également dans d'autres établissements», explique Christophe Langelez. De septembre 2008 à février 2011, l'aide-soignant a donc travaillé en gériatrie avant de changer de service.

Radié de la fonction publique


L'année dernière, après la sortie de son livre, ce fonctionnaire a été mis à pied, puis radié de la fonction publique hospitalière en février. À cause de son livre, selon lui. « Depuis, j'ai déménagé à Vannes, en Bretagne. Impossible pour moi de retrouver un poste dans n'importe quelle maison de retraite ou établissement de santé en Picardie. Dès que je postule, on appelle l'hôpital de Clermont qui évoque l'affaire. Je suis au chômage et ma vie a complètement changé.»

Un tournant qui n'a pas découragé l'aide-soignant, venu hier de Bretagne, pour expliquer ses écrits devant le tribunal correctionnel de Beauvais. «Je ne suis pas non plus écrivain. J'ignorais la portée diffamatoire de certains passages.» Jamais sa maison d'édition - elle-même poursuivie - n'a modifié le manuscrit envoyé.

Avec cet essai «caricatural, mais inspiré de mon expérience», Christophe Langelez pensait attirer l'attention. «Parler sérieusement d'un sujet aussi grave que la maltraitance des personnes âgées, c'est faire chier. D'autres l'ont déjà fait. Mon but était de pousser un coup de gueule et je ne regrette pas», expliquait-il à l'issue de l'audience.

http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Le-livre-de-l-aide-soignant-de-la-maison-de-retraite-derange-la-hierarchie

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J ai été témoins et j en ai subi les conséquences