dimanche 27 mai 2012

Les forains accusés de ne déclarer que le strict nécessaire

Le tribunal d'Amiens va juger pendant trois jours plusieurs forains, accusés d'avoir minimisé leurs revenus avec l'aide d'un comptable de Péronne.

L'ancienne salle de la cour d'appel va être réquisitionnée pendant trois jours.

Il faut dire que le tribunal correctionnel d'Amiens, présidé par Mikaël Simoëns, doit juger 18 personnes ainsi qu'une personne morale: l'UTI (union des travailleurs indépendants), cabinet comptable basé à Doingt-Flamicourt, à côté de Péronne, depuis près de 40 ans. Y étaient fiscalement domiciliés presque tous les forains du Nord de la France.

Quatorze commerçants forains et quatre salariés de l'UTI


Aux 14 commerçants ambulants mis en cause, la justice reproche d'avoir fortement minoré des revenus qu'il était d'autant plus tentant de masquer qu'ils sont majoritairement encaissés en liquide.

Ces prévenus sont des travailleurs nomades. Leurs lieux de naissance vont de la Bretagne aux Ardennes. Ils ont pour la plupart une cinquantaine d'années. Ce sont des habitués des grandes fêtes picardes: Saint-Jean à Amiens, Saint-Michel à Péronne ou Saint-Denis à Saint-Quentin.

Pendant cette longue procédure, les enquêteurs ont parfois dû se pincer pour ne pas rire, quand des titulaires du RMI roulant en grosse berline allemande leur expliquaient sans sourciller que leur bonne fortune était uniquement due à la vente annuelle de muguet...

Qui dit revenus sous-estimés dit, en toute logique, escroquerie aux allocations sociales, pour certains prévenus qui, d'après le parquet, touchaient des aides auxquels ils n'avaient pas droit.

Si les forains s'étaient contentés de cacher leurs liasses de billets sous leurs matelas, cette affaire n'aurait jamais éclaté, mais certains ont préféré confier leurs économies à Claude Ménache, 81 ans, le créateur d'UTI.

Comme ce dernier a procédé à des placements, la justice parle de blanchiment aggravé de part et d'autre. Une proche collaboratrice de M.Ménache est poursuivie avec lui.

Par ailleurs, ces deux personnes, ainsi que deux simples secrétaires, sont accusées d'avoir tenté de dissimuler aux enquêteurs une valise contenant 70 000€, quand l'enquête a été déclenchée, en décembre 2004.

Me Sandrine Royal défend ces deux secrétaires et c'est peu dire qu'elle attend avec impatience cette audience: «Depuis huit ans, mes clientes attendent de répondre d'accusations qu'elles récusent. Elles constituent le petit dossier inclus dans un grand et sont complètement dépassées... Elles sont convoquées pour la troisième fois devant le tribunal correctionnel et n'ont qu'une hâte, que ce cauchemar se finisse...»

http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Les-forains-accuses-de-ne-declarer-que-le-strict-necessaire

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