dimanche 13 mai 2012

Miramas : sans permis, saoul, il avait fauché et tué deux motards

Pour les familles de Johan Faubourg et Jean Gardebien, il a d'abord fallu encaisser l'effroyable annonce de leur décès soudain à 29 et 24 ans, à l'entrée d'un virage de la RD 10. Puis, est venue s'ajouter la double peine : apprendre que Louis Khadir - leur "assassin" comme le qualifient les parents de Johan - s'était vu annuler son permis de conduire trois semaines plus tôt pour avoir trop souvent pris le volant alcoolisé, que ce jour-là, une fois de plus, la fois de trop, il avait un gramme d'alcool par litre de sang...
À l'audience, après une année d'incarcération, Louis Khadir, 47 ans, demande d'emblée au tribunal de pouvoir exprimer directement ses regrets à ceux qui restent, aux parties civiles effondrées. Autorisation refusée. Alors, il livre simplement son explication aux magistrats, celle qui est à l'origine, selon lui, de sa conduite sans permis, avec alcool et de cette vitesse trop élevée : "Je venais de me disputer avec mon épouse, on m'avait dit qu'elle était allée à Marseille. Alors, j'ai bu quelques verres et je suis passé prendre ma voiture..."
Quelques kilomètres, un virage mal négocié, un choc terrible entre son Audi A3 et la moto Kawasaki de Johan, la mort pour les deux jeunes hommes qui la chevauchaient ; un deuxième choc avec la voiture qui suivait, deux blessés ; un troisième impact et un dernier, enfin, avec un véhicule transportant une maman et ses deux enfants, miraculeusement indemnes. Et ce fut alors le coup de grâce : pendant un mois, Louis s'est muré dans le silence, dans une sordide cavale. "Vous avez eu une permission de l'hôpital pour aller voir votre famille et vous n'y êtes jamais retourné. Puis, les enquêteurs ont dû vous pister en mettant tout votre entourage sur écoute téléphonique" peste le juge Rommé qui évoquera des "images d'épouvante" pour désigner les photos prises par les enquêteurs à leur arrivée sur les lieux du drame. "J'avais eu les policiers au téléphone et je leur avais dit que j'allais y aller" persiste Louis, sans vergogne. "J'ai su seulement 15 jours après l'accident qu'il y avait deux victimes. Jamais je n'aurais imaginé que cela pourrait m'arriver, ça fait un an que je vis avec cela". Stupéfaction dans la salle d'audience. Une avocate glisse : "Lui, au moins, il vit..."
Son conseil, Me Pascal Roubaud, plaidera que "s'il avait voulu fuir, il serait parti à l'autre bout du pays" et qu'"il faut aussi dire, sans tenter de déplacer la responsabilité de ce drame, que le pilote de la moto était alcoolisé et sous l'emprise de stupéfiants" et surtout que Louis "avait écrit au magistrat instructeur pour qu'il transmette ses regrets aux familles". L'avocate de la femme et des enfants de Johan, qui avait intégré le génie de l'air à Istres : "Avec autant de circonstances aggravantes, ça n'est pas un accident ! C'est comme s'il avait tiré dans la foule et qu'il avait tué deux personnes. Ils ont payé pour la colère de cet inconnu..."
Me Guidicelli, au nom de deux blessés de cet enchaînement de chocs, parlera de Louis comme d'un prévenu "absent". "Quand on tue quelqu'un, on lui enlève ce qu'il a, ce qu'il a eu, et ce qu'il aura..." Le tribunal l'a condamné à 5 ans de prison.

http://www.laprovence.com/article/a-la-une/miramas-sans-permis-saoul-il-avait-fauche-et-tue-deux-motards

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