jeudi 31 mai 2012

Une mort subite liée au stress de la dispute ?

Les gifles portées par Wesley Jacquemin ont-elles pu entraîner la mort d'Aurélie ? La question reste en suspens. Hier, pas moins de huit experts ont défilé à la barre pour expliciter leurs conclusions plus ou moins complexes… Une mort subite d'origine cardiaque, liée au stress, semble être privilégiée.

«DU point de vue de l'enquête, on ne peut pas dire qu'il y ait un lien de cause à effet entre la dispute et le décès ». Le directeur d'enquête, le major Perez, est affirmatif. « Quand Wesley Jacquemin quitte le domicile, sa compagne est vivante. Elle se tape la tête contre la table… Il quitte le domicile pour qu'elle se calme. Entre les déclarations du mis en cause et les constatations faites par le technicien en investigation criminelle, tout concorde. Ça colle ».
Existe-t-il un lien de causalité entre le décès d'Aurélie Lellig, une jeune femme de 23 ans, en parfaite santé, et les gifles portées par son concubin ? C'était hier tout l'enjeu du débat autour des rapports d'expertises médicales. Tout au long de cette deuxième journée de procès, les experts médicaux ont défilé à la barre pour tenter d'expliquer les causes du décès de la jeune femme et le lien avec la violente dispute qui s'est jouée quelques heures avant sa mort ce 10 novembre 2005. Les gifles reconnues par l'accusé. Les coups de tête qu'elle se serait elle-même infligés sur la table de la cuisine… Difficile de faire la part des choses.
Un décès en lien avec le stress ?
Entre l'imprécision des horaires, les témoignages qui s'emmêlent… La seule certitude - les appels téléphoniques de la victime à ses parents en attestent - Aurélie était encore en vie entre 23 h 27 et 23 h 30. Le Dr Frichet, médecin-légiste, déterminera la mort aux environs de minuit, une heure du matin.
Etant le premier à intervenir pour la levée du corps, il va mettre en évidence des « ecchymoses sur le visage », des « lésions modestes » avec « néanmoins un épanchement sanguin interne », ce qui lui fera solliciter une autopsie du corps.
Le Dr Taccoen, l'expert qui va pratiquer cette autopsie, le 14 novembre 2005, évoquera alors « une mort dans un contexte traumatique avec manifestation asphyxique ». Dans un rapport complémentaire, il dira que « l'asphyxie est à l'origine du décès », sans pouvoir en préciser l'origine, mais exclura tout geste traumatique par strangulation…
En l'état des éléments en sa possession, il affirmera : « On ne peut pas établir de relation directe entre les gifles et les coups portés sur la table avec le syndrome asphyxique… On ne peut pas affirmer une violence importante des gifles… ».
Les rapports vont se succéder et le Dr Bernard qui va prendre le relais en octobre 2007 va écarter la cause d'asphyxie… « D'un point de vue pulmonaire, l'autopsie a montré des anomalies sans établir de cause à l'asphyxie. Il n'y avait pas d'embolie pulmonaire, pas d'épanchement au niveau thoracique. L'autopsie n'a pas révélé non plus de fracture du crâne, d'hématome intracrânien ou de contusion… ». Et d'évoquer « vraisemblablement une mort subite rapide d'origine cardiaque ». Le plus vraisemblable au regard de l'analyse du dossier.
Une étude plus approfondie menée par le Professeur Fornes, professeur en médecine légale, va appuyer dans cette direction. Il va souligner « des violences modérées d'un point de vue traumatique. Ça ne peut pas être une cause directe du décès ». Il va écarter toute cause asphyxique, mais émettre l'hypothèse d'une « mort naturelle », une « mort subite d'origine cardiaque… en lien avec le stress » provoqué par la dispute. Il va reconnaître être resté sur sa « faim » et regretter de ne pas avoir « plus d'éléments pour pouvoir conclure sur les causes de la mort », mais va établir de « façon certaine » que « le contexte de violence, de stress a conduit à mettre en route le processus mortel… ».
Le comportement de Wesley Jacquemin aurait ainsi contribué au stress émotionnel qui a entraîné la mort d'Aurélie.
Aux yeux du ministère public, l'accusé est bien responsable de la mort d'Aurélie Lellig.
Les débats vont se poursuivre aujourd'hui par les réquisitions de l'avocat général et les plaidoiries. Wesley Jacquemin sera fixé sur son sort dans la journée. Il encourt 20 ans de réclusion criminelle.
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/une-mort-subite-liee-au-stress-de-la-dispute

Aucun commentaire: