dimanche 8 juillet 2012

Une mère d'élève irascible jugée

Le 30 mars, Marie B., 41 ans, mère de la jeune E., surgissait furibarde sur les lieux d'un cours de gym de l'école Lucien-Goron et menaçait directement J.-M. F., enseignant, sous prétexte qu'il aurait « tiré les cheveux » de sa fille : « Je vous ferai la peau avec un couteau
[…] » Devant les dénégations et les explications posées du prof, elle en rajoutait encore : « Rien à foutre bâtard ! » Elle comparaît à la barre beaucoup plus calme, sous le chef de « menaces de mort ou d'atteintes aux biens d'un chargé de mission du service public ». L'enquête policière déterminera qu'au moment des faits un contentieux existait déjà entre l'enseignant et cette mère d'élève « surexcitée ».

Une position de victime

A la barre, Marie B. niera les faits : « Je ne l'ai pas insulté ni menacé, par contre on m'a menacé moi de me retirer mes enfants !…»
Mise sous contrôle judiciaire avant l'audience, Mme B. a fait l'objet d'une expertise psy qui a mis à jour « une pathologie mentale et un trouble du comportement relevant d'une enfance chaotique vécue à la Réunion ». Une « position de victime résultant d'antécédents douloureux et traumatiques, nécessitant des soins ».
Entre-temps, Mme B. était sommée « de ne pas revenir à l'école pour ne pas envenimer encore les rapports avec les enseignants », chose qu'elle a depuis appliquée à la lettre, attendant chaque fin d'après-midi sa fille au coin de la rue.
La partie civile (pour le maître agressé) aura une visée pédagogique plus qu'une démarche indemnitaire : « Par-delà cette tendance à la victimisation, il faut tenter de lui faire entendre la gravité des faits. Son souci premier doit être la bonne intégration de sa fille à laquelle le comportement de sa mère ne doit pas être préjudiciable. »

« Des mots créoles colorés »

Le ministère public enchaînera ses réquisitions dans l'apaisement : « Le contrôle judiciaire a été profitable à Mme B. Depuis, elle est beaucoup plus posée, l'agressivité dont elle avait fait preuve au moment des faits étant tombée. Qu'elle poursuive dans cette voie… » Et de requérir « trois mois assortis d'un sursis et mise à l'épreuve avec obligation de soins ». Me Plais poursuivra pour la défense de Marie B. : « Violentée dans sa jeunesse (des enfants de quatre pères différents…), elle vit actuellement seule avec deux de ses enfants auxquels elle tient plus qu'à la prunelle de ses yeux. Ses insultes ne sont que des mots créoles colorés… N'oubliez pas qu'elle travaille et qu'elle fait beaucoup d'efforts depuis son placement sous contrôle judiciaire… »
Délibéré : trois mois assortis d'un sursis et mise à l'épreuve. Obligations de soins. 300 € pour les frais d'avocat de la partie civile (article 375-1).

http://www.ladepeche.fr/article/2012/07/04/1393026-une-mere-d-eleve-irascible.html

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