Le drame avait fortement choqué la communauté éducative, et
bien au-delà. Le 15 mai 2009, au collège François-Mitterrand de Fenouillet, au
nord de Toulouse, un élève
de 5ème, âgé de 13 ans, avait planté un couteau dans la poitrine de sa
professeure de mathématiques, qui avait été grièvement blessée. Le procès pour
tentative d'homicide du jeune homme, aujourd'hui âgé de 16 ans, s'est tenu lundi
après-midi. Au bout de douze heures d'audience à huis clos, peu après 3 heures
du matin, le tribunal des enfants de Toulouse a condamné l'adolescent à cinq ans
de prison dont deux ans ferme et trois ans de sursis avec mise à l'épreuve.
La victime, âgée de 38 ans aujourd'hui, ne comprend toujours
pas ce qui a pu se passer. "L'instruction n'a pas permis de donner de réponse"
sur les raisons de son geste, a dit Me Denis Benayoun, conseil de l'enseignante.
Cette femme, meurtrie dans sa chair, enseigne à nouveau mais garde des séquelles
à la fois physiques et psychologiques. Le facteur déclencheur de cette violence
avait été une "consignation" que l'adolescent venait de se voir infliger,
c'est-à-dire l'obligation de réaliser sous surveillance un travail non fait. Il
avait eu peur que son père ne l'apprenne. "Le seul moyen qu'il a trouvé à cette
époque là pour éviter ça, ça a été d'essayer de la tuer", a souligné Me Emmanuel
Tricoire, un des avocats du jeune garçon.
Pas un procès de "l'enfance délinquante"
Le drame avait fait grand bruit, l'ancien ministre de
l'Education Xavier Darcos parlant même alors d'installer des portiques de
détection de métaux devant certains établissements. La défense a souligné à
l'audience qu'il ne s'agissait pas du procès de "l'enfance délinquante" mais de
"la dérive personnelle d'un jeune garçon" qui n'avait jamais été repéré comme un
enfant à problèmes. La partie civile a refusé aussi tout "amalgame" avec les
multiples agressions de professeurs depuis la rentrée scolaire. "Le garçon a une
famille apparemment positive, il n'avait pas de trouble particulier: le passage
à l'acte est étonnant, mais c'est un sujet à la personnalité très fragile, qui
n'a pas de mots pour le dire et qui va traduire ses angoisses par le corps", a
rapporté l'expert-psychiatre Daniel Ajzenberg, après avoir exposé son analyse au
tribunal. "A cet âge là on est en dehors du réel, on ne se rend pas compte de la
gravité de ses actes".
Selon Me Laurent Boguet, un des avocats de l'adolescent, le
tribunal a prononcé une peine de prison ferme "pour marquer le coup d'un acte
particulièrement grave", mais a "ouvert la porte" à "la possibilité d'un
aménagement de la peine évitant l'incarcération de ce jeune qui a passé un an
dans un centre fermé avant de rejoindre depuis deux ans et demi un foyer doté
d'une équipe renforcée d'éducateurs. Il pourrait y poursuivre les progrès
réalisés, dans la logique de l'obligation de soins renforcée prévue par les
trois ans de mise à l'épreuve décidés par le tribunal". L'audience d'aménagement
de la peine est fixée dès le 6 novembre. Me Boguet, qui a reconnu "la nécessité
d'une sanction juste", a ajouté : "Nous nous interrogeons sur l'opportunité de
faire appel".
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