C’était le plus grave accident d’hélicoptère de la décennie. Ce devait être un moment inoubliable, un simple baptême de l’air de quelques minutes. Mais le vol a tourné au drame ce 20 juin 2009, alors que l’hélicoptère n’avait parcouru que quelques kilomètres entre le parc Walibi des Avenières (Isère) et Brégnier-Cordon, en survolant le Rhône.
Très rapidement, les témoignages des habitants du village avaient mis en évidence le comportement curieux de l’appareil, frôlant dangereusement les falaises du mont de Cordon et même piquant du nez.
Mais ce sont surtout les témoignages des passagers des précédents vols, ainsi que les films vidéos tournés à cette occasion, qui allaient permettre d’expliquer le crash. Le pilote ne respectait pas la hauteur de vol minimale réglementaire qui est de 150 m par rapport au sol. Et surtout, l’hélicoptère approchait de beaucoup trop près la montagne en virant légèrement à gauche avant d’engager un brusque virage à droite pour éviter la falaise. Des manœuvres, qualifiées de « violentes » par un expert, qui déstabilisaient l’aéronef et entraînaient une perte d’altitude.
Le pilote proposait aux passagers ce qu’il appelait « un vol à sensations » : virages serrés en rasant la montagne, l’hélicoptère étant alors fortement incliné, suivis d’une descente en piqué…
L’enquête avait établi que ce garçon de 23 ans, pilote professionnel depuis moins d’un an, avait cumulé les fautes, sortant de son domaine de vol, et réalisant des manœuvres périlleuses. Il n’avait également pas respecté les limites de poids et leur répartition dans l’appareil avant le décollage.
Le pilote décédé, c’est la société Azur hélicoptère, basée à Cannes (Alpes-Maritimes), mais qui dispose d’un site à Bron, près de Lyon, qui sera jugée aujourd’hui par le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse, ainsi que son président, Michel de Rohozinski. Les faits sont qualifiés d’homicide involontaire par manquement à une obligation de sécurité ou de prudence.
En l’espèce, il est reproché le non-respect des arrêtés préfectoraux du 4 avril 1996 et du 18 juin 2009. Des arrêtés manifestement considérés comme de simples formalités administratives par la société Azur qui avait fait établir son dossier de demande d’autorisation par un simple stagiaire. La société n’avait pas non plus délégué sur place un directeur de vol expérimenté, devant rester au sol pour l’embarquement des passagers, et qui aurait pu « recadrer » le pilote.
Une série de manquements qui fait dire à M e Denis Dreyfus, avocat de cinq familles des victimes : « Ce vol, c’était la chronique de morts annoncées. »
Le procès qui s’ouvre ce matin promet d’être très technique et juridique, s’agissant d’une responsabilité indirecte. Pour les familles, très soudées au sein de l’association « Aux anges du mont de Cordon », ce sera une épreuve de plus, trois ans après ce vol maudit.
http://www.leprogres.fr/ain/2012/10/09/crash-du-mont-de-cordon-le-proces-de-l-imprudence
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