Rarement se présentent à la barre du tribunal correctionnel des personnes «très favorablement connues»... et dont les qualités humaines sont vantées par le ministère public. Hier, Gérard Escande, le gérant du funerarium de Trèbes était renvoyé devant le tribunal, prévenu d'homicide involontaire par négligence. Il répondait de sa responsabilité dans la mort d'une petite fille, Ludivine, tuée en mai dernier par une barre métallique faisant office de barrière.
Ce jour-là, toute la famille de la fillette était rassemblée pour les obsèques de l'arrière-grand-père de Ludivine. La petite fille jouait seule, à quelques mètres de la chambre funéraire, à dix pas de ses parents quand la barre métallique est tombée de son support, deux plots, a rebondi à deux reprises et par effet de résonnance, l'a percutée sur l'arrière du crâne, provoquant un traumatisme et une lésion fatals.
Gérard Escande s'est expliqué sur la présence de cette barre non fixée à cet endroit. «Elle servait à empêcher les véhicules à rentrer sur la partie privative du funerarium. C'était une solution provisoire. Je voulais mettre une chaîne, mais j'ai estimé que ce serait dangereux. Dans l'attente, j'avais mis cette barre, posée sur les poteaux», a dit le prévenu à la barre.
Un précédent accablant
Sauf que le provisoire n'avait que trop durée, et que la fatalité a fini par frapper, cruellement. Et si Gérard Escande était renvoyé devant le tribunal, c'est parce qu'il ne pouvait pas ignorer la dangerosité de son installation. Quelques jours après le décès de la petite Ludivine, les gendarmes avaient recueilli le témoignage d'une dame dont le petit fils avait eu le pied cassé (quatre fractures) par cette même barre, d'une longueur de 4 mètres et d'un poids de 58 kg ! Et ce, au mois de novembre 2011. La grand-mère en question avait pris contact avec Gérard Escande pour l'en informer et le propriétaire des lieux avait proposé de faire intervenir son assurance s'il y avait eu besoin d'indemniser les parents de la victime, âgée de 10 ans. Pour autant, la barrière de fortune était restée en l'état.Responsable et coupable
Pour le procureur de la République, Philippe Romanello, le gérant a fait preuve d' «imprudence, de négligence, d'inattention vis à vis de cette barre qui pouvait faire mal et avait déjà fait mal». «Parce qu'il ne pouvait pas ignorer le danger, il faut une sanction à hauteur de la faute. Et ce, dans un souci d'apaisement et d'exemplarité», a asséné le magistrat, réclamant 1 ans avec sursis à son encontre.Les parents, éprouvés de la petite fille ont asssisté dignement à l'audience. Leur avocate s'est exprimée en leur nom, pour dire, «la culpabilité qu'ils ressentent au fond d'eux», pour raconter les rêves d'un père qui se voit sauvant sa fille, pour dire leur désespoir et l'absence de haine en eux. Me Sarah Couloumiès, surtout, a tenté de décrire leur immense douleur et les images qui l'accompagnent...
Me Franck Alberti, le défenseur de Gérard Escande a lui aussi porté la parole de son client, un homme anéanti, un «obsédé de la sécurité de surcroît» qui ne se pardonnera jamais sa faute. Il a plaidé pour un homme bien qui assume ses torts et sa responsabilité.
http://www.ladepeche.fr/article/2012/10/04/1456304-carcassonne-ludivine-6-ans-est-morte-a-cause-d-une-negligence.html
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