samedi 13 octobre 2012

Meurtre à Dizy-le-Gros : la peur d'être délaissée

Elle est accusée d'avoir poignardé son compagnon à Dizy-le-Gros dans la nuit du 9 au 10 mai 2010. Peut-être un instant de haine incompréhensible après neuf années de vie commune.
C'est la lutte de deux rivales. Elles ont aimé le même homme, passionnément. L'une d'elles, Aurélie Nice, âgée de 29 ans, est accusée de l'avoir poignardée. Elle ne voulait pas qu'il la quitte à Dizy-le-Gros dans la nuit du 9 au 10 mai 2010.
Quand Laetitia s'avance pour témoigner, Aurélie baisse les yeux. Cette fois, elle est vaincue par une silhouette brune qui lui ressemble. Toutes les deux partagent la même assurance. Laetitia, employée dans un palace de Reims, porte une jupette à carreaux virevoltante et de longues bottes en cuir noires. C'est avec elle que Jean-Baptiste, âgé de 29 ans, a voulu poursuivre son existence.

« Il avait envie de passer à autre chose. Nous nous sommes vus un mois mais il y avait des sentiments entre nous. C'était la première fois que je rencontrais quelqu'un d'aussi gentil », raconte Laetitia. Un rendez-vous était prévu avec un avocat pour gérer la séparation avec Aurélie et le partage de la maison.
Laetitia et Jean-Baptiste ont-ils consommé leur union à venir ? Elle répond non et ce n'est pas neutre. La morale n'est pas la justice mais elle pèse parfois à l'heure du verdict. Surtout quand une accusée est présentée de plus en plus comme une nymphomane.
« Ce que je lui reproche, ce sont ses sorties et ce qui s'y passait », précise la mère de Jean-Baptiste. Un témoin a surpris Aurélie chez elle lors d'une relation sexuelle avec un homme. Elle ne voulait pas être Cendrillon mais la princesse de nombreux cœurs, avide d'étreintes, piétinant les interdits. « J'avais besoin d'être regardée », dit l'accusée.
« Etre le cocu du village, ce ne doit pas forcément faire plaisir », observe Me Vignon, avocat de la partie civile, à propos de Jean-Baptiste, aspirant à d'autres regards. Aurélie est une femme extrême.
Elle va jusqu'au bout de ses envies, de sa colère d'être délaissée.
Elle se montre spontanée, loin des calculs. Tout près de la naïveté. Lorsque Jean-Baptiste accepte une étreinte, elle espère qu'elle a gagné. « Je pensais qu'il avait changé d'avis. J'ai eu du mal à croire que c'était fini. Je me suis sentie trahie, abandonnée », dit Aurélie. Mais le cœur commande le corps. Jean-Baptiste va, tout de même, la quitter. Il s'endort et son réveil est brutal.
« Sur le pouce droit, il y a une trace de défense », note le légiste. Jean-Baptiste reçoit dix coups de couteau, dont deux dans le dos. Il s'exclame « mais qu'est-ce que tu as fait ? ». De la stupéfaction plutôt que de la rage. Ce sont les derniers mots qu'il prononce.
La mort est intervenue en une dizaine de minutes. « Il était parti, tout ce que je voulais, c'était le rejoindre. J'ai fait ce que j'ai pu. Je n'y suis pas arrivée » explique l'accusée.
Elle saute par la fenêtre à une hauteur de plus de quatre mètres, s'enfonce une lame dans le corps, prend des médicaments. « Je me déteste. J'ai fait beaucoup de mal à tout le monde. J'essaye d'avancer pour mes enfants ».

http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/meurtre-a-dizy-le-gros-dix-coups-de-couteau-et-la-peur-detre-delaissee

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