vendredi 5 octobre 2012

Une mère de famille accusée d’avoir tué son nouveau-né

C’est une affaire peu commune que juge depuis hier la cour d’assises. Un véritable drame familial, au sens premier du terme, qui entraîne les juges en terre inconnue. Pas dans les traces du classique meurtre crapuleux ou passionnel mais aux frontières de la folie et de l’irrationnel.
Cette femme de 35 ans, mère de deux filles et un garçon, était enceinte mais le cachait à son entourage. Elle dissimulait ses rondeurs sous des vêtements amples et continuait à travailler comme si de rien n’était. Son mari avait eu des doutes, son employeur aussi, mais elle réfutait.
Le 3 juillet 2007, elle avait accouché seule, debout sous la douche, vers 4 heures du matin. Elle s’était évanouie à deux reprises, était tombée, avait arraché le cordon.
Elle avait placé le corps du nouveau né dans un sac-poubelle et l’avait dissimulé dans un placard.
Le lendemain, hospitalisée pour une hémorragie, elle avait nié avoir mis un enfant au monde. Puis elle aurait demandé à son mari de « l’enterrer dans le jardin ».
L’autopsie a révélé que le bébé avait respiré et que la tête portait trace de sept hématomes, invisibles à l’œil nu. Des coups ou les conséquences d’un accouchement debout suivi d’une chute ?
La mère a toujours nié des violences, mais elle reconnaît n’avoir rien fait. Une absence de soins fatale aux nouveaux nés « chez qui l’hypothermie intervient rapidement » a expliqué hier le D r Fabrizzi. « Le manque de soins a été aggravé par un traumatisme crânien », ajoutait le médecin légiste.
« Je ne pense pas qu’elle trichait. Pour elle, ce n’était pas un enfant », a témoigné une experte psychologue, « c’est un déni massif de grossesse qui sert à ne pas s’effondrer, à ne pas devenir fou. On n’est pas ici dans le secret ou le mensonge. La personne qui vit ça est vraiment coupée de la réalité, de ce qui se passe pour elle. »
« Le déni, c’est une défense pour affronter la réalité. Une part d’elle savait et une autre déniait la grossesse. Elle a fait comme si. Comme si elle n’avait pas accouché. Comme si le bébé n’existait pas. »
Pourquoi ne pas avoir avorté ? N’en avoir parlé à personne ou accouché sous X ? N’avoir pas appelé à l’aide ? À la barre, l’accusée répète qu’elle n’a pas « d’explication rationnelle », qu’elle « ne sait pas. »
Elle-même n’a connu sa mère biologique qui l’avait abandonnée peu après sa naissance qu’à 12 ans. Son père, lui, avait caché son existence. Puis, c’est lui qui avait coupé les ponts pendant quinze ans. Fâché qu’elle épouse un homme « qui n’avait pas la même moralité. »
« La partie adverse », comme l’a désignée le père de l’accusée, à savoir sa belle-famille et ses deux filles, a vécu l’audience d’hier avec une intense émotion.
« C’est une histoire du malheur. Depuis le début de cette affaire, et pour tous les gens qui sont concernés », a conclu après sa déposition, le gendarme chargé de l’enquête.

http://www.leprogres.fr/ain/2012/10/05/une-mere-de-famille-accusee-d-avoir-tue-son-nouveau-ne

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