mardi 13 novembre 2012

La Rochelle : braquée, la vendeuse est traumatisée

Le moment de tension fut extrême, hier après-midi, devant le tribunal correctionnel de La Rochelle, lorsque la jeune employée de la boulangerie située 56 rue Pierre-Corneille (quartier rochelais de la Porte-Royale) témoigna du braquage dont elle avait été victime.
Tremblante, en pleurs, elle raconta comment elle avait senti une présence alors qu'elle passait la serpillière dans le commerce rochelais qui allait fermer. Se retournant, la frêle jeune femme se retrouvait en face d'un homme coiffé d'un bonnet et ayant remonté une écharpe sur le bas de son visage. Surtout, il pointait une arme de poing en sa direction. « Je suis d'un naturel peureux. Depuis, je ne dors plus. Je suis en arrêt, j'ai un traitement. Je vais aller voir un psy. Ma vie a basculé », témoignait-elle. Sa mère, son ami, mais aussi Karine Bretaudeau, la patronne de la boulangerie, ainsi que des clients de cette dernière étaient venus la soutenir.

Le butin dans le sac à dos
Sous la menace d'un pistolet, la vendeuse prit les billets dans la caisse, paniquait, et les faisait tomber en partie sur le comptoir. Le malfaiteur, qui avait fait preuve jusqu'alors de sang-froid, s'exaspérait. Il prenait l'argent qu'il mettait dans un sac à dos. Constatant la présence de pièces dans la caisse, il vidait le tiroir dans le sac, soit un butin total d'environ 900 euros. Les policiers de la brigade anticriminalité (BAC) du commissariat de La Rochelle retrouvaient peu après ces pièces dans les poches de Stevie Guedou, jeune homme dont la description correspondait à celle donnée par la victime.
Demeurant dans le quartier Beauregard, le jeune homme avait aussi été rapidement suspecté du fait de ses antécédents judiciaires et d'autres affaires en cours, dont une qui le conduisait à pointer deux fois par semaine au commissariat. Placé en garde à vue, il reconnaissait les faits. Le lendemain, lors de la perquisition au domicile de sa mère où il vit, il indiquait aux enquêteurs où se trouvait l'essentiel de l'argent volé. L'arme était sous le lit. Elle avait été achetée quelques jours auparavant, à Saint-Ouen, pour 157 euros. Une somme conséquente pour un jeune ayant fini, fin octobre, un contrat de serveur en alternance à La Rochelle.
« J'ai fait comme à la télé »
Hier, dans le box, Stevie Guedou, ayant accepté d'être jugé en comparution immédiate, âgé de 19 ans jour pour jour, originaire de la région parisienne, se montrait peu prolixe. Il répondait le plus souvent par « oui » ou « non » aux questions de la présidente Anne-Marie La Praz. La magistrate s'efforçait pourtant à ce que le jeune homme s'explique. Elle se retrouvait en face d'une personnalité butée et froide. Quant à ce qui l'avait commis à préparer et à commettre le braquage (requalifié en vol avec violence), il lâchait : « J'ai fait comme à la télé. C'était pour venir en aide à ma mère. » Une mère, élevant seule trois autres enfants, dont il indiquait entretenir une relation se limitant au bonjour matinal. Au fond de la salle d'audience, la mère écoutait, elle qui était parvenue, il y a deux ans, à se faire muter à La Rochelle afin de couper court aux mauvaises relations de son fils en région parisienne.
Quant au procureur de la République Pierre Aurignac, il constatait : « Un fils qui continue sur la pente descendante et qui n'a rien de quelqu'un d'immature ». Compte tenu de la situation du prévenu en récidive légale, il requérait la peine plancher de deux ans sous la forme de dix-huit mois de prison ferme et de six mois de sursis avec mise à l'épreuve pendant dix-huit mois. Il demandait le maintien en détention.
Me Stéphanie Colombier prenait le contre-pied du ministère public. Elle plaidait l'immaturité de son client et le fait que la prison n'était pas une solution, considérant que Stevie Guedou avait plus besoin de soins psychologiques.
Le tribunal allait au-delà des réquisitions et condamnait le jeune homme à trois ans de prison dont deux ferme, plus la résiliation de trois mois de sursis d'une précédente condamnation, avec maintien en détention. Il est aussi condamné à verser 2 000 euros de dommages et intérêts à la vendeuse et 734 euros à la boulangère

http://www.sudouest.fr/2012/11/13/braquee-la-vendeuse-est-traumatisee-877026-1391.php

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