samedi 29 décembre 2012

Les vieux messieurs n’ont pas d’amie

Pont-à-Mousson. Si elle ne finissait pas devant le tribunal, ce serait une belle histoire. Il était une fois un vieux monsieur solitaire et une aide à domicile, la cinquantaine fragile. Ils avaient l’habitude de prendre leur café dans le même bistrot de Pont-à-Mousson. Ils ne se connaissaient pas. Mais à force de se croiser au même endroit tous les jours, ils ont fini par engager la conversation. Quelques mots. Banals. Puis, au fil du temps, ils sont devenus amis.
La quinquagénaire a trouvé un confident à qui raconter les épreuves de sa vie. Le vieil homme a trouvé une amie prête à l’épauler dans les difficultés du quotidien. Surtout après qu’il a fait une chute au moment de Noël 2009. Sa santé s’est mise à décliner. Cela a accéléré l’évolution de la maladie d’Alzheimer dont il souffrait depuis un moment déjà. Son amie a fait ses courses, s’est occupée de son linge et de ses papiers. Elle l’a accompagné et soutenu. Que ce soit en maison de retraite ou à l’hôpital.
Décidément une belle histoire. Jusqu’à ce que le monsieur atteint de sénilité ait une tutrice et que celle-ci jette un coup d’œil à ses comptes. Elle a découvert beaucoup de retraits en espèces. Pour un montant total de 27.300 €. Sans rapport avec le train de vie plus qu’austère du vieil homme. Où est passé l’argent ?
Une enquête a été ouverte et l’amie dévouée a fait figure de suspect n°1. Sur un de ses comptes ont été détectés de mystérieux dépôts pour un total de 18.000 €. Interrogée par la police, elle a reconnu avoir accepté à tort des coups de pouce financiers de la part de son protégé âgé. Mais, coup de théâtre, vendredi, devant le tribunal correctionnel de Nancy, la quinquagénaire a nié et fourni des justificatifs pour toutes les sommes retrouvées sur son compte. Il s’agissait de prélèvement en liquide provenant d’un autre compte où tombe sa pension d’invalidité.
Ses aveux devant les policiers ? La panique. Reste toutefois des cadeaux suspects. En particulier une voiture, une 205, que le vieux monsieur lui a offerte, ainsi que les six premiers mois d’assurance auto. Et puis il y a surtout l’assurance-vie qu’il a contractée à son profit pour 33.000 €. Tout cela courant 2009, à une époque où il était « déjà à l’ouest », remarque la présidente Catherine Hologne. « Ce n’est pas possible que la prévenue ne se soit pas rendu compte de la dégradation de l’état de santé de la victime », estime M e Caroline Friot, représentant la tutrice. Le procureur adjoint, Yvon Calvet partage ce point de vue et requiert 3 mois de prison avec sursis.
La prévenue écrase ses larmes. Et son avocate, M e Sandrine Aubry, plaide la relaxe : « Ma cliente n’a pas abusé de ce monsieur. Elle a éclairé sa fin de vie lucide ». Agé de 82 ans, le vieil homme est toujours vivant. Mais il a perdu la tête. Il est à l’hôpital et ne reconnaît plus personne. Ce qui se passe devant le tribunal n’est plus son problème. Jugement vendredi prochain.

http://www.estrepublicain.fr/meurthe-et-moselle/2012/12/24/les-vieux-messieurs-n-ont-pas-d-amie

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