mercredi 23 janvier 2013

Carcassonne. Le trafic de cigarettes des «pieds nickelés»

Audience poussive hier au tribunal correctionnel, entamée avec près de 45 minutes de retard pour laisser le temps d'un complément d'interrogatoire. Des renvois à la pelle, dont celui au 20 février de l'affaire du trafic de stupéfiants à Castelnaudary (affaire R.M & F. B.-A.) pour une plutôt rare question de constitutionnalité soulevée par le parquet lui-même, et enfin les prévenus, essentiellement de petits escrocs, qui défilent à la barre. Parmi eux, un couple de «pieds nickelés» (l'expression est de Me Zickler elle-même, aux intérêts d'un des deux prévenus), la mère soixantenaire et le fils quarantenaire, toute moue dehors à l'heure de comparaître. Portraits de la misère des temps modernes, ces deux-là doivent répondre de trafic de cigarettes et d'alcool commis entre les mois de février et septembre 2012. La maman avait transformé son logement carcassonnais en un petit bureau de tabac. Elle y écoulait joyeusement les cigarettes et les bouteilles ramenées d'Andorre ou d'Espagne.
«Les autres le font, pourquoi pas nous ?», répondra en substance l'intéressée à la présidente Asselain qui l'interrogeait sur ses motivations. «Mais c'était aussi pour payer mes factures, vivre normalement quoi», ajoute la dame. Son fils lui servait uniquement de chauffeur. Un rôle qu'il aurait tenu à cinquante reprises (allers-retours) dans la période susvisée. Et à l'arrivée, établi dans les procès-verbaux, un total de 600 cartouches de cigarettes et 300 litres d'alcool forts (whisky, vodka, rhum, etc.) Notons qu'à chaque voyage, la mère et le fils amenaient avec eux trois autres personnes selon une technique bien rodée des resquilleurs du dimanche : 1, 5 cartouche autorisée par personne, sauf qu'eux s'en octroyaient deux… Au total, le bilan du trafic est établi à 10.000 €.
Intervenant avant les réquisitions du ministère public (6 et 4 mois avec sursis à l'encontre de la mère et du fils requis par le procureur Bérès), le représentant des douanes ne manquera pas de rappeler le préjudice subi par l'État face à cette infraction engendrant une amende globale de près de 70.000 € pour les fautifs. «Vous condamnez une brave femme n'ayant que 780 € de revenus mensuels. Tout le monde venait manger chez elle», soulignera son avocate Me Ségolène Zickler.

http://www.ladepeche.fr/article/2013/01/17/1538329-carcassonne-le-trafic-de-cigarettes-des-pieds-nickeles.html

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